Elle sera bientôt la deuxième plus grande ville d’Île-de-France. La nouvelle ville de Saint-Denis, qui doit officiellement se marier ce soir avec Pierrefitte-sur-Seine lors d’un conseil municipal dédié, comptera près de 150.000 habitants. Mais quel intérêt ont donc ces deux villes, une importante – 113.000 âmes au compteur – et l’autre beaucoup plus petite – 31.0006– à fusionner ? On a posé la question à leurs deux maires respectifs, Mathieu Hanotin (Saint-Denis) et Michel Fourcade (Pierrefitte-sur-Seine).
Une plus grande capacité d’investissement
La réponse des deux édiles tient d’abord en un argument principal : « Quand on est unis, on est plus fort que tout seuls », plaide Mathieu Hanotin, qui comme Michel Fourcade regarde cette union comme une façon de booster ses investissements. « Cela nous permettra de faire l’extension de l’école Roselyne Boivin, avec la construction de 14 classes supplémentaires de maternelles, plutôt que de repousser le projet dans 10-15 ans », argumente le maire de Pierrefitte.
Très concrètement, la fusion va doter le budget de la commune ainsi créée de 10 millions d’euros supplémentaires, soit environ 70 millions au total contre 40 pour Saint-Denis et 20 pour Pierrefitte auparavant, explique le maire de Saint-Denis. Cette somme supplémentaire s’obtient notamment grâce aux dotations spécifiques de l’Etat accordées pour ce type de fusion. La commune sera aussi capable d’emprunter davantage à meilleur taux.
Moins d’impôts à Pierrefitte, des primes à Saint-Denis
Des avantages immédiats seront ressentis par les habitants de Pierrefitte surtout, qui verront leur taxe foncière baisser de 19 %. Les fonctionnaires seront aussi mieux payés, puisque leur régime sera aligné sur celui d’une plus grande commune. « Un fonctionnaire à Saint-Denis gagne en moyenne 1.400 euros de plus par an qu’à Pierrefitte », explique Mathieu Hanotin.
Les organisations syndicales des agents publics des deux villes ont d’ailleurs voté en faveur du projet, et même à l’unanimité à Pierrefitte. La prime annuelle des Dionysiens sera augmentée de 120 euros par an (de 1.680 à 1.800 euros) et cinq jours de congé stockés sur le compte épargne temps pourront être monétisés.
Cantines gratis et centres de vacances à dispo
Autres avantages qui seront très vite palpables pour les Pierrefittois et Pierrefittoises, les cantines scolaires seront bientôt gratuites pour tous les enfants, à l’image de ce qui a déjà été amorcé à Saint-Denis. « Nous allons bénéficier des centres de vacances de Saint-Denis », se réjouit aussi Michel Fourcade.
Plus d’infos sur la Seine-Saint-Denis
Cette fusion est rendue possible grâce une loi de 2010 enrichie par d’autres textes, et encouragée par l’Etat. Le dispositif vise à l’origine surtout les villages et petites communes, si bien que l’opposition a vu dans la proposition des deux maires surtout une manœuvre pour les élections municipales de 2026.
« Commune déléguée de Saint-Denis »
La nouvelle commune ne perdra en tout cas pas ses deux maires si d’aventure son sort se concrétise, car Michel Fourcade devrait devenir maire délégué, en plus de Premier adjoint de Mathieu Hanotin. Sur les panneaux d’entrée de la ville devrait être écrit « Pierrefitte-sur-Seine, commune déléguée de Saint-Denis » – contrairement à cette dernière qui elle ne changera pas de nom. Quant à l’hôtel de ville de Pierrefitte, il deviendra une mairie annexe où pourront se tenir mariages et procédures d’état civil.
Les autres élus et élues subiront par contre une coupe rase. Aujourd’hui, ils sont 94 en tout. Ils devront être autour de 60 après les prochaines élections municipales. Jusqu’à cette échéance, les deux conseils municipaux siégeront mais seul celui de Saint-Denis aura le réel pouvoir décisionnaire. Si toutefois le projet est bien voté, aux alentours de 21 heures ce jeudi soir.
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