, « Elle n’a pas toujours été minérale » : comment la place de la Concorde va se transformer à Paris

« Elle n’a pas toujours été minérale » : comment la place de la Concorde va se transformer à Paris

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La mue de la place de la Concorde se précise. Le comité d’experts mandaté par Anne Hidago a rendu officiellement le 17 juin 2024 les 12 propositions concernant la transformation de la plus grande place de Paris, voulue par l’édile. Prochaine étape : la désignation des architectes qui seront chargés de transformer ce lieu inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, afin de « renouer avec son illustre passé tout en l’adaptant aux enjeux du 21e siècle« . 

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Un nœud routier et minéral

« Place centrale et importante » dans l’histoire de Paris, mais aussi « nœud de trafic routier très minéral », la place de la Concorde n’est pas un petit sujet. « La question de sa transformation a été posée depuis très longtemps, y compris par mes prédécesseurs », a rappelé Anne Hidalgo. 

La maire de Paris a affiché sa volonté de vouloir désormais, à la lumière des préconisations reçues, entamer au plus vite la métamorphose de la place. « Je ne me sens pas propriétaire de la place de la Concorde », a-t-elle tenu à rassurer. « C’est un patrimoine national, qui appartient à tous les Parisiens ». La consultation publique, clôturée fin mai, a réuni plus de 1 000 contributions qui, salue l’édile, « allaient toutes dans le sens des préconisations faites par le comité d’expert. »

Une commission d’experts pour la place de la Concorde

La commission d’experts s’est réunie cinq fois entre avril et juin 2024 afin de rédiger un document d’orientation qui servira de base au programme architectural et environnemental du projet.
Présidée par l’ancien ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon, accompagné par la vice-présidente Ann-José Arlot, architecte, inspectrice générale des affaires culturelles, elle a réuni de nombreux spécialistes : chercheurs, paléoclimatologues, architectes, urbanistes, acteurs du patrimoine et des monuments historiques. Un « collège de grands voisins » y a également pris part, réunissant notamment l’ambassade américaine, l’Hôtel Crillon, l’Assemblée nationale, la Madeleine, le comité des Champs-Élysées et des nombreux musées présents alentours.

Une symétrie presque parfaite

Parmi ces propositions, figure en première position la nécessité de conserver la symétrie de cette place historique dessinée, par le premier architecte du roi Ange-Jacques Gabriel en 1757, sous le règne de Louis XV.

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Cela signifie notamment de « reconquérir la partie perdue de la place de la Concorde jusqu’à la Seine », aujourd’hui condamnée par une trémie de circulation routière qui « isole sévèrement la place », détaille Jean-Jacques Aillagon. Cette trémie, qui permet actuellement aux voitures de rejoindre la voie Georges-Pompidou depuis l’avenue des Champs-Élysées, devra donc être supprimée.

Végétaliser : un retour aux sources

Autre enjeu majeur : la végétalisation de la place. Connue pour être un redoutable îlot de chaleur en été, elle n’a pas toujours été uniformément grise, a insisté le président de la commission.

Son étude historique « nous a conduits à constater que ce que certains d’entre nous pensions être, de façon immémoriale, un lieu minéral, avait connu, au moment de sa conception par Gabriel et jusqu’à sa transformation assez radicale au milieu du 19e siècle, des espaces très largement végétalisés« . Comblés en 1854, les fossés, qui constituaient la périphérie de la place, étaient donc verts, ce qui en faisait « des espaces de transition entre le jardin des Tuileries d’un côté et les jardins des Champs-Élysées de l’autre », détaille le rapport. 

Les architectes candidats au réaménagement de la place devront donc réfléchir à « renaturer » la place, en proposant des essences adaptées au réchauffement climatique, – Paris se préparant à vivre des étés à 50°C – et qui n’entraveront pas la circulation du regard sur les différents monuments visibles depuis la place. « On doit pouvoir arriver à près 3,3 ha d’espaces végétalisés et désimperméabilisés sur les 7 ha que compte la place, soit presque la moitié », s’enthousiasme Anne Hidalgo.

Moins de voitures, plus de piétons

La question du partage de l’espace public entre les différentes mobilités est également majeure. La commission préconise de réduire la circulation routière, pour « redonner la priorité aux piétons et à la végétalisation », et rendre ce qui était devenu un gigantesque rond-point ses airs de « place-promenade historique« .

Carrefour majeur parisien, la Concorde relie la rive gauche à la rive droite, la rue de Rivoli aux Champs-Élysées ou encore les berges de la Seine. « Le futur aménagement devra garantir des conditions de circulation en toute sécurité pour les piétons et cyclistes de la place » préconise le rapport. 

Une expérimentation déjà réalisée à l’occasion des JO, puisque la place a fermé sa partie est à la circulation pendant plusieurs mois. Une semi-piétonnisation qui a montré de bons résultats selon les données de l’Apur, qui souligne une amélioration du trafic de 10 % après la fermeture d’une partie des voies.

« La place de la Concorde fonctionne plutôt bien en demi-jauge. Son fonctionnement est plus complexe quand l’ensemble de la place est fermé à la circulation », concède Anne Hidalgo. Et pour cause : depuis la fermeture totale de la place qui accueillera lors des JO les épreuves de sports urbains, c’est désormais un concert de Klaxons et d’embouteillages qui ceint la place.

Un concours d’architectes

Place désormais à l’appel d’offre : lancé en mai, il prendra fin le 25 juin. Cinq équipes seront sélectionnées fin septembre. Le choix des équipes définitives aura lieu en janvier 2025. Les lauréats seront sélectionnés par une commission dont la présidence sera partagée par la maire de Paris et le ministère de la Culture. La suite du calendrier n’est pas encore connue, mais Anne Hidalgo table sur un début des aménagements à l‘horizon 2026. Un budget de 35 millions d’euros est prévu pour transformer le site. « S’il faut, on ira au-delà », annonce la maire.

Quant à la réouverture complète de la place de la Concorde à la circulation après les JO de Paris 2024, elle semble improbable : « ça ne me parait pas une bonne idée », balaie l’édile, évoquant plutôt « une forme éphémère d’occupation d’une partie de la place » en attendant.

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