Trois ans seulement et déjà accro aux livres. « Il est tombé dans la potion magique. On est même obligés de limiter, car autrement on lui lirait des dizaines d’histoires avant qu’il aille se coucher. »
Alors, il y a quelques semaines, Mélissa Da Costa a emmené son fils aîné, Martin, à la bibliothèque municipale. Au moment de rendre le formulaire d’inscription, l’employée a levé un sourcil : « Da Costa ! Vous êtes peut-être de la famille de l’écrivaine ? Une tante à vous ? » « Elle ne se doutait pas que ça pouvait être moi… Elle s’imaginait que j’avais plutôt 60 ans, alors que j’en ai 33 », nous relate, amusée, la véritable Mélissa Da Costa.
Elle a beau être l’auteur le plus lu de France – tous genres et styles confondus –, personne, ou presque, ne sait à quoi elle ressemble. Voilà l’apanage des écrivains, même célèbres. « Quand je vois les commentaires sur les réseaux sociaux qui attaquent le physique des acteurs ou des chanteurs… C’est vrai que, nous, nous sommes loin de ça. »
Ses fans à elle ne sont pas hystériques. Mis à part une ou deux mésaventures, notamment avec une femme qui avait trouvé son adresse… « Mais, dans l’immense majorité, mes lecteurs sont respectueux. J’entretiens une belle relation avec eux. »
Même si les cercles littéraires sont de plus en plus ouverts, il reste un milieu parisien bloqué dans le passé
Mélissa Da Costa
La normalité de sa célébrité, Mélissa Da Costa la savoure, installée en famille dans une paisible bourgade des Yvelines, au cœur de la vallée de Chevreuse. Maisons alignées, jardins entretenus, écoliers qui traversent sur les passages cloutés… Tout ici respire la tranquillité. Durant son enfance, près de Mâcon, la petite Mélissa ne rêvait pourtant que de la frénésie des grandes villes. « Mais aujourd’hui je me plais à la campagne. Et puis Paris n’est pas si loin… »
Elle rejoint la capitale dans sa Ford Fiesta pour les rendez-vous importants et les interviews télévisées, en prenant soin de ne jamais se mêler aux mondanités germanopratines. « Même si les cercles littéraires sont de plus en plus ouverts, il reste un milieu parisien bloqué dans le passé, avec ses têtes grisonnantes qui se bouchent le nez en nous voyant. » Nous ? Les écrivains adorés du public et moqués par la critique. Beaucoup de femmes – à l’instar de Virginie Grimaldi et Aurélie Valognes – qui ont su toucher un nouveau lectorat, jeune et populaire. Les réseaux sociaux n’ont pas tué le roman, Mélissa Da Costa en est la preuve vivante.
1,3 million d’exemplaires vendus en une année
En janvier 2024, elle a même réussi l’exploit de détrôner Guillaume Musso de la première place du palmarès des auteurs qui vendent le plus en France, sur laquelle il était confortablement installé depuis douze ans. Un classement qui se veut la parfaite photographie de ce que les Français lisent vraiment, recensant les ventes réelles, nouveautés et éditions de poche comprises.
Mélissa Da Costa est loin devant les autres, avec près de 1,3 million d’exemplaires en une année. Autre tour de force : en décembre 2022, une émission de France 2 a rangé son premier roman, « Tout le bleu du ciel », à la huitième place des « 25 livres préférés des Français » devant « L’étranger », d’Albert Camus, et « Cyrano de Bergerac », d’Edmond Rostand.
Même dans ses rêves les plus fous, Mélissa Da Costa n’aurait pas espéré un quart de tout cela. « Enfant, je n’imaginais pas une seconde pouvoir être écrivain. Ce n’était pas un métier envisageable dans le milieu rural où j’ai grandi. Avoir un livre édité un jour dans ma vie, ça aurait été déjà beaucoup. »
À 7 ans, elle compose des poèmes, puis de courtes fictions
Papa est ouvrier dans le bâtiment, maman vendeuse en boulangerie devenue assistante maternelle. Mélissa est une petite fille raisonnable, presque modèle, bonne élève, les pieds sur terre, sauf au moment de prendre la plume.
À 7 ans, elle compose des poèmes, puis de courtes fictions. De son propre aveu, des histoires plutôt sinistres, d’adolescents livrés à eux-mêmes dans des orphelinats. « Je me souviens notamment d’une nouvelle où l’héroïne finissait par mourir d’anorexie. D’une autre où les jeunes filles se prostituaient dans une cité. C’était toujours terrible. »
Derrière son sourire gentil et ses yeux rieurs, on a du mal à discerner cette part sombre. À tort, on l’a trop vite assignée au rayon « feel good ». Cette littérature optimiste qui « fait se sentir mieux » quand tout va mal.
Je ne voulais pas me mettre dans la peau de quelqu’un atteint de handicap sans savoir de quoi je parlais
Mélissa Da Costa
« Heureusement, cette étiquette commence à se décoller », note Mélissa Da Costa. Car si ses récits sont teintés de résilience, ils ne commencent jamais bien… Comme le prochain, à paraître le 14 août, « Tenir debout », dans lequel un homme doit réapprendre à vivre après un accident de la route qui l’a cloué dans un fauteuil roulant. Un livre à la première personne qui fait dialoguer deux voix : François, paralysé, et Éléonore, la femme qu’il aime.
Pour mieux comprendre ses personnages, l’écrivaine a rencontré un couple, Yann et Pauline, qui a traversé les mêmes épreuves. « Pendant plusieurs semaines, j’ai suivi leur quotidien sur Instagram, puis je me suis décidée à les contacter. Derrière le roman, il y a cet échange constant avec eux. Je ne voulais pas me mettre dans la peau de quelqu’un atteint de handicap sans savoir de quoi je parlais. »
Je voulais être sans filtre et expliquer comment une personne handicapée pouvait continuer à chier, pisser, bander…
Mélissa Da Costa
Elle avoue ne pas construire de plan – « J’ai juste une grande direction dans ma tête, mais pas sur le papier pour ne pas la figer » –, et ne se sépare jamais de son carnet et de son stylo, pour griffonner des croquis tout au long du processus d’écriture.
Comme pour chacun de ses ouvrages, Mélissa Da Costa a effectué un travail quasi documentaire. « Je voulais être sans filtre et expliquer comment une personne handicapée pouvait continuer à chier, pisser, bander… »
Elle n’est pas de cette vieille école romantique qui jure que l’inspiration est un don quasi divin. Être auteure est pour elle un travail presque comme les autres. Même s’il est plus amusant que ceux qu’elle a pu exercer avant, elle qui, dès 16 ans, faisait le ménage dans des hôtels, du service dans les restaurants, puis s’est chargée de la communication de la mairie de Villefontaine, dans l’Isère. Sans jamais cesser d’écrire.
Pendant des années, j’avais écrit pour moi et pour personne d’autre. Je ne supportais pas que l’on puisse poser un regard critique sur mon travail
Mélissa Da Costa
Chaque matin, Mélissa Da Costa descend dans son bureau, aménagé au sous-sol de sa maison, et n’en ressort qu’en fin d’après-midi. Une routine qu’elle essaie de s’imposer, bien que parfois perturbée par des Salons littéraires, des séances de dédicaces… Et encore plus souvent par ses deux enfants. Le petit dernier, Augustin, est né en février. « Il n’a pas de nounou avant septembre… Donc, ces derniers mois, il m’était devenu presque impossible de travailler, mis à part durant les siestes. Quelque temps après sa naissance, j’ai réussi à écrire une heure et j’ai eu l’impression d’être partie en vacances, tellement c’est une échappatoire. »
Sa belle-mère ou une cousine viennent parfois l’épauler. Surtout, elle peut compter sur l’indéfectible soutien de son compagnon, Charles, infographiste. Ils se sont rencontrés en 2017, puis ont choisi de tout plaquer pour réaliser leur rêve à deux : un road trip d’une année en Nouvelle-Zélande. À l’autre bout du monde, le destin de Mélissa Da Costa a basculé. C’est là-bas qu’elle s’est décidée à déposer l’un de ses textes sur une plateforme d’autoédition, monbestseller.com. Là-bas aussi que la petite maison Carnets Nord l’a contactée pour lui proposer de la publier, avant qu’Albin Michel la repère. « Pendant des années, j’avais écrit pour moi et pour personne d’autre. Je ne supportais pas que l’on puisse poser un regard critique sur mon travail. »
Plusieurs de ses œuvres sont en cours d’adaptation
Le succès n’a presque rien changé à sa vie, sauf la part de stress à la veille de la parution d’un nouveau roman, qui a totalement disparu. Pas même une pointe de trac ou une petite boule au ventre. « Dans mon entourage, j’ai mes bêta-lecteurs – mon conjoint, ma mère, une amie – et tous m’ont dit que “Tenir debout” est l’un de mes meilleurs livres. »
Surtout, elle est déjà concentrée sur le prochain à écrire – « où il sera question d’une famille dysfonctionnelle », mais l’on n’en saura pas plus – et sur les autres projets à venir. Plusieurs de ses œuvres sont en cours d’adaptation : « Les femmes du bout du monde » au cinéma, par la réalisatrice Géraldine Danon, avec Emmanuelle Bercot et Stéphane Caillard ; « Tout le bleu du ciel » par Maurice Barthélemy, pour TF1, avec Camille Lou et Hugo Becker dans les rôles-titres. « Peut-être que je vais y apparaître, pour un clin d’œil à mes lecteurs », s’enthousiasme-t-elle. Sous les projecteurs quelques secondes avant de retrouver la tranquillité de son cocon.
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