, La mairie de Nice, l’arrière-pensée d’Éric Ciotti

La mairie de Nice, l’arrière-pensée d’Éric Ciotti

Samedi matin, Éric Ciotti déambule au marché Saint-Roch, à Nice. « L’un des quartiers de Nice où le RN a réalisé le meilleur score », se félicite-t-il. La veille, il avait choisi un autre marché, celui de la Libération, jugé moins favorable. Un week-end au milieu des fruits et légumes, illustration du retour au terroir après la folle semaine parisienne.

Dans son entourage, le « vieux bon sens paysan » est d’ailleurs invoqué pour expliquer l’alliance entre LR et RN. Éric Ciotti s’anime entre les étals, souriant et relaxé, comme si le spectacle de l’éclatement de son parti n’avait pas prise sur lui. Rien ne semble altérer sa bonne humeur, si ce n’est un léger rhume. D’autant que l’accueil est enthousiaste : « Il faut continuer ! », « Bravo, c’est ce qu’il fallait faire », « Ah Éric, t’as fait du bordel mais continue comme ça ! ».

Poussée du RN à Nice

À Nice, qui a placé la liste conduite par Jordan Bardella à 32,3 % aux élections européennes, nombreux sont les Niçois qui saluent la décision du président des Républicains : « Vous avez raison, monsieur. Si on ne s’allie pas, on est perdus… ». D’autres émettent des réserves, à l’image de ce professionnel du tourisme pour qui la décision controversée « a des conséquences sur l’image de Nice ».

Cette position est aussi celle de Christian Estrosi, qui avait jugé sur X que le ralliement de son meilleur ennemi à la coalition menée par le RN faisait « honte à notre ville ». « C’est un bien triste vaudeville qu’il nous a joué », ajoute le maire de Nice interrogé par le JDD. Le principal ressort de cette décision ? « La peur, dont je suis toujours étonné de constater combien elle peut motiver le comportement de certains responsables politiques… ».

Une figure du commerce local, adhérent historique de LR depuis trente-cinq ans, ne renouvellera pas son adhésion. « Je me suis senti trahi », lâche-t-il. « Pourquoi n’a-t-il pas consulté les adhérents ? Cela fait trente ans qu’on combat le RN et là, on les rallie… Je n’y arrive pas. »

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Éric Ciotti joue la proximité

Endurci par les critiques, Éric Ciotti force son masque de sérénité. Sur le marché, il joue la proximité, prend des nouvelles, salue parfois par le prénom. « Où est Monique ? », « On devait déjeuner ensemble avec Bébert et Daniel… ». « Tu sais que tu as tout mon soutien, et celui de ma famille », assure un grand gaillard au fort accent niçois, en prenant le député par les épaules. « Vous voyez ce que me disent les gens, ce n’est pas un décor Potemkine ! », se félicite l’intéressé auprès du JDD, affirmant avoir reçu 450 SMS de soutien en une seule journée.

« Vous voyez ce que me disent les gens, ce n’est pas un décor Potemkine ! »

Cette belle démonstration souffre néanmoins quelques accrocs. Quand un homme lui crie « Honte à vous ! » depuis la terrasse d’un café, l’entourage minimise : « Ce monsieur n’est pas niçois, je le vois à l’accent. » Cela revient-il à reconnaître à demi-mot que, dans le reste de la France, l’accord RN-LR ne serait pas tout à fait en odeur de sainteté ?

D’après un récent sondage OpinionWay, 77 % des électeurs LR aux européennes y sont opposés. « Ceux qui ont voté François-Xavier Bellamy incarnent le socle des irréductibles qui défendaient l’indépendance de leur parti, tant vis-à-vis d’Emmanuel Macron que du RN », analyse Frédéric Micheau, directeur général opinion d’OpinionWay. « Par ailleurs, il est difficile pour les électeurs d’un parti de gouvernement, a fortiori celui du fondateur de la Cinquième République, d’accepter d’être réduit au rôle de parti pivot, de supplétif. » Les sympathisants du parti, néanmoins, seraient eux majoritairement favorables à l’alliance prônée par Éric Ciotti, selon un sondage Ifop pour le JDD.

Les visées locales de l’accord LR-RN

Alors que François-Xavier Bellamy était parvenu, au terme d’une campagne réussie, à accroître le score de son parti par rapport à l’élection présidentielle, la coalition avec le RN provoquerait l’érosion du score des LR : de 9 à 7 %, selon le dernier sondage OpinionWay réalisé à l’échelle nationale.

Et si l’échelle nationale n’était justement pas la première préoccupation d’Éric Ciotti ? Le poste de ministre de l’Intérieur, évoqué comme le prix de son ralliement à la coalition, ne serait qu’une étape vers son véritable objectif : la mairie de Nice en 2026.

Les trois circonscriptions cédées à Ciotti par le RN sont précisément celles qui coupent la ville de Nice

Les trois circonscriptions cédées à Ciotti par le RN, et où le président des Républicains porte ses plus vifs espoirs de victoire, sont précisément celles qui coupent la ville de Nice. Outre la sienne et celle de Christelle D’Intorni, l’une de ses proches et l’unique députée qui l’ait soutenu, la 3e circonscription des Alpes-Maritimes sera âprement disputée.

Pour que son candidat l’emporte le 7 juillet face au sortant, l’adjoint au maire Philippe Pradal, Éric Ciotti mise sur une triangulaire dopée par la vague Rassemblement National. Mais c’est sans compter l’hypothèse d’un désistement de la candidate PS-Front Populaire, Laure Quignard, pour faire barrage à la coalition LR-RN, comme cela a été proposé lors d’une réunion interne par l’ex-secrétaire local du parti, Xavier Garcia.

Ce serait sans compter, non plus, sur la logique propre des législatives, plus territorialisée que les européennes. Les électeurs préféreront-ils l’adjoint au maire connu des Niçois, ou Bernard Chaix, qui ne doit son existence politique qu’à l’adoubement ciottiste ?

La stratégie d’alliance du président des Républicains doit aussi être comprise à cette aune : en provoquant le départ des « notables », comme ses proches les appellent, il a renouvelé les effectifs, avec des cadres à sa main. « LR était devenu une somme d’individualités », explique-t-il au JDD, « il fallait une ligne claire ». Le parti se renforce en s’épurant. Quand on lui demande si ses candidats ne sont pas des « seconds couteaux », le chef de parti rétorque : « Ils seront des premiers députés. »

Épurer l’appareil avec des fidèles

Sur les marchés niçois, le futur « premier député » Bernard Chaix suit son président comme son ombre, dans une opération visant à accroître sa notoriété. Quand l’équipe d’Éric Ciotti envisage une photographie de son champion avec une cravate, sur le marché de la Libération, « Bernard » commence déjà à retirer la sienne. Sa fidélité au chef est totale.

Même type de relation avec Charles-Ange Ginésy, qui occupe officiellement le poste de président du département des Alpes-Maritimes depuis le départ d’Éric Ciotti, frappé par la loi sur le cumul des mandats. À la question de savoir pourquoi le président du département n’a pas pris parti dans la polémique chez LR, le patron lâche : « Il n’a pas à prendre parti. Il est avec moi, c’est tout. » Ambiance.

À l’instar des trois circonscriptions niçoises, essentielles pour renforcer sa base électorale, Éric Ciotti use du département des Alpes-Maritimes comme d’une arme dans la guerre des élections municipales. Le désengagement du département à Nice se mesure au faible soutien apporté à tous les grands projets participant de la transformation de la ville (nouvelle ligne de tramway, nouveau stade, extension de la promenade du Paillon…), trop associés à Christian Estrosi au goût de son adversaire.

Dans le même temps, le département fait la part belle à des initiatives jugées « clientélistes » par l’opposition, comme le programme « Seniors en action ». « Vous nous aviez promis de ramener Adamo ! », interpelle une retraitée niçoise. La jeunesse est peu présente dans le camp ciottiste. Sur le marché, les jeunes se montrent indifférents, ou un brin moqueuse : « Alors, Monsieur, ça y est, vous avez quitté le bureau ? »

Tandis qu’Éric Ciotti arpente le marché Saint-Roch, samedi matin, le maire de Nice parle à 300 sympathisants réunis devant sa permanence. « Mon devoir, c’est de faire avancer la ville, de faire avancer l’activité, l’emploi, et de préparer l’avenir », déclare-t-il, rappelant que « Nice est passée de 23 000 étudiants à 52 000 en moins de 12 ans »

Le maire de Nice Christian Estrosi parle aux niçois devant sa permanence

Le maire de Nice Christian Estrosi parle aux Niçois devant sa permanence © Erwan Barillot

Le maire se félicite que Nice soit devenue durant son mandat une véritable ville étudiante, jusqu’à faire mentir tous les clichés. Selon le dernier palmarès réalisé pour le JDD par Villes et villages de France, Nice est aussi la première ville de plus de 300 000 habitants où il fait bon vivre, en 13e position dans le classement général.

Aux dernières municipales, en 2020, Éric Ciotti avait appelé du bout des lèvres à voter Christian Estrosi, au nom de l’unité d’un parti qu’ils avaient alors en commun. Quand on demande à l’intéressé s’il a vraiment porté son suffrage sur le nom de son ennemi, il biaise : « Je n’ai pas voté à Nice. J’ai changé de bureau de vote après les élections départementales de 2021. »

En 2026, année de l’échéance fatidique, Emmanuel Macron achèvera son dernier mandat. Les deux adversaires se projettent, chacun à leur manière. Le premier veut croire que les vents RN seront toujours favorables. Le second refuse la fatalité et appelle à un « large rassemblement de toutes les sensibilités de la droite républicaine ».

Vivement opposées sur le plan personnel et politique, les deux figures de la droite azuréenne n’en sont pas moins des enfants du pays entre lesquels le cœur des Niçois n’est pas toujours si résolu. « Si les deux se présentent face à face en 2026, je serai embêté, car je les aime chacun, je les ai vus grandir », commente un ancien, sur le marché Saint-Roch.

Chez les commerçants aussi, plusieurs voix déplorent cette guerre des chefs : « Il y a du gâchis dans ces querelles. J’aurais tellement aimé qu’ils mettent leur talent en commun. » Si le maire s’est déclaré candidat à sa succession en avril dernier, son candidat le plus sérieux avance masqué, une étape après l’autre. Mais personne n’est dupe : la vraie campagne a commencé.

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