La multitude présente pour saluer les leaders de gauche sur la scène de l’Agora éclate de joie. Alors que la Fête de l’Humanité aurait pu être marquée par la résistance contre l’extrême droite, elle s’est transformée en une célébration de l’union du Nouve
Non loin du mythique stand « Salade, tomate, union », Jules mange des frites avec ses amis : « Le débat de Fabien Roussel, Marine Tondelier, Manuel Bompard et Olivier Faure nous permet de garder espoir. L’alliance entre les différents partis de gauche est essentielle aux Français. »
Maintenir l’unité
« Nous devons rester unis et forts pour changer la France et la vie des gens. Pour avancer nous devons préserver cette union comme un bien commun. », lance Fabien Roussel à l’Agora.
Le secrétaire national du PCF poursuit : « Nous sommes quatre forces politiques avec des histoires et propositions qui nous rassemblent mais qui restent aussi assez différentes sur certains sujets. Ces nuances sont nécessaires et doivent continuer de faire débat respectueusement entre nous pour permettre à la gauche d’être plus forte. »
Micro en main, la secrétaire nationale d’Europe Écologie Les Verts affirme que cette unité est nécessaire et que le NFP « aura une candidature unique en 2027. » Devant elle, la foule applaudit. « Union, union, union », crie-t-elle. Mais avoir un unique candidat ne garantit pas la victoire.
« Les Français veulent vivre mieux »
« La question est surtout de se demander comment réussir à parler au monde du travail, qu’on habite dans une métropole ou dans un village. C’est une question que nous n’avons pas encore réglée », précise Ian Brossat, sénateur de Paris et coprésident du groupe communiste au Conseil de Paris.
Dans les couloirs de la Fête, si beaucoup de festivaliers sont fiers d’avoir voté pour la coalition, elle peine tout de même à convaincre de sa pérennité. Selon notre baromètre annuel, en partenariat avec l’Ifop, 61 % des sondés estiment que le NFP sera amené à se désunir et à disparaître.
Pourtant, « les électeurs de gauche ne veulent pas être abandonnés. Nous avons fait confiance au NFP pour les élections certes, mais aussi pour l’après », affirme Luce, étudiante en licence d’Histoire. « Les Français veulent vivre mieux. J’ai vingt ans et je travaille au McDo pour payer mon loyer à côté de mes études. Ce n’est pas normal. Il est nécessaire que les députés et sénateurs agissent maintenant : il ne faut pas attendre les élections présidentielles pour améliorer nos quotidiens. »
Le déni de démocratie d’Emmanuel Macron ne passe pas
Le pays a besoin d’une politique de gauche. Emmanuel Macron « n’a pas de légitimité à gouverner et nous allons en mouvoir, souffle Cécile Cukierman, sénatrice de la Loire et présidente du groupe CRCE-K, Nous devons continuer de nous battre. »
Pour Stéphane Peu, député de Seine-Saint-Denis, « le chef de l’État continue de faire sa démonstration d’autoritarisme. Lucie Castets aurait dû être nommée. Le NFP est la seule coalition qui s’est présentée comme telle devant les électeurs. Toutes les autres sont des bidouillages post-électoraux. »
Pour le communiste, « en reconnaissant que le résultat des urnes est une manifestation de changement d’orientation politique, le chef de l’État refuse à ce que l’on touche à ses fondamentaux de son bilan qu’il considère précieux pour la France. »
Pendant la Fête, beaucoup de militants parlent de déni de démocratie. Mais pour Samia, Emmanuel Macron procède à un coup d’État. « Au-delà d’imposer sa politique encore et encore pour gouverner avec lui-même, nous perdons des députés communistes », tempête la quadragénaire venue d’Aveyron, coiffée d’une casquette CGT à strass.
« Nous ne sommes pas passés loin, mais la prochaine fois sera la bonne »
Sur douze députés du PCF, le groupe en perd quatre au profit du Rassemblement national. Pour elle, les derniers mois ont été intenses : « Nous avons vécu une dissolution insensée, une campagne éclair, une gauche qui se rassemble en dépit du pari du président de la République. Malgré tout le combat du NFP, nous voilà démunis. Qu’avons-nous raté ? », souffle celle qui a l’amer goût d’une victoire arrachée.
Quelques stands plus loin, Henri garde espoir. Car grâce à cette coalition, le NFP a permis l’arrivée de nouveaux militants. « Mes enfants ont tous les deux 25 ans et je n’ai jamais réussi à les convaincre de s’engager. Pour la première fois, grâce au Front populaire, ils ont tous les deux franchi le pas. », raconte le cinquantenaire, le sourire aux lèvres. Elle est là la force de l’union de la gauche : « chercher des publics qui ont perdu le goût de la politique. »
Le travail acharné et massif de ces nouveaux militants a permis d’élire des députés. « Nous avons besoin d’eux pour les batailles à venir », poursuit Ian Brossat. « Il va falloir lutter pour l’abrogation de la réforme des retraites. Et d’autres échéances restent à venir : peut-être de nouvelles élections législatives, assurément des élections municipales en 2026 – y compris à Paris où il va falloir militer pour que la ville reste à gauche… »
L’ancien adjoint à la mairie de cette ville est convaincu qu’avec les nouveaux militants, le Nouveau Front populaire ressortira avec une victoire à la clef : « Nous ne sommes pas passés loin, mais la prochaine fois sera la bonne. »
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