, Hauts-de-Seine. À Neuilly, la construction quasi-impossible de logements sociaux

Hauts-de-Seine. À Neuilly, la construction quasi-impossible de logements sociaux

, Hauts-de-Seine. À Neuilly, la construction quasi-impossible de logements sociaux

Un arbuste grimpant envahit la moitié de la façade du 90, rue Charles-Laffite à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), celle de l’ancien hôtel particulier du docteur Jacques Servier, le défunt fondateur des laboratoires du même nom. Le permis de construire pour les numéros 90 et 92, datant d’avril 2019, y est placardé. Pourtant, pas la moindre trace de travaux.

Le bâtiment, derrière la grille en fer du 92, entrouverte et maintenue par une chaîne et un cadenas, a des trous dans les murs et les fenêtres brisées. En 2015, Le Figaro immobilier annonçait la démolition de la bâtisse, que des logements sociaux devaient remplacer pour un coût de près 10 millions d’euros. Mais la démolition vient seulement de commencer, cinq ans après la mort du docteur Servier.

Un long désaccord entre l’Etat et la commune

Pourquoi un délai aussi long ? Cette question devrait trouver sa réponse à la mairie, un grand édifice « néo-Renaissance » en pierre claire. Sous un plafond chargé d’ornements dans le grand escalier central, un tableau signé Jean Lefort, « L’allée des acacias », représente un parc à la Belle Époque. François-Xavier Dupont, le maire-adjoint au Logement, apparaît en haut des marches. Il va s’asseoir derrière un imposant bureau.

Sans jamais évoquer le cas particulier de l’hôtel Servier, ni aucun autre d’ailleurs, « pour ne pas donner une version différente de celle des autres parties », François-Xavier Dupont retrace l’histoire de la ville en matière de logements sociaux. Celle d’un long désaccord entre l’Etat et la commune, mauvaise élève de l’habitat social avec entre 6 % et 7 % de HLM, quand ce chiffre se hisse à 55 % à Nanterre et à 66 % à Gennevilliers. 

En octobre 2019, la cour d’appel de Versailles a annulé une décision du ministère du Logement qui obligeait Neuilly-sur-Seine à remplir les objectifs intermédiaires fixés par la loi SRU, afin d’atteindre 25 % de logements sociaux en 2025. « La Cour d’appel a reconnu une erreur d’appréciation dans le jugement précédent, explique le maire-adjoint. La Ville ne peut pas satisfaire aux objectifs, car il est impossible de trouver un terrain pour le faire. » L’affaire devrait bientôt passer en cour de Cassation.

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Absence de foncier 

Cette difficulté à ériger de nouveaux logements sociaux s’explique d’abord par l’absence de place. Pour réussir à avoir 25% de HLM en 2025, 5 500 devraient être construits en cinq ans, en plus des 2 000 déjà existants, sur les 30 000 logements que compte la ville.

Le hic : « Il n’y a plus de réserves foncières, pas de terrains publics ni de friches individuelles », indique le maire-adjoint, ajoutant que 30 % du territoire est en zone inondable et que le parc immobilier actuel est « en très bon état ». Neuilly est par ailleurs déjà particulièrement dense selon François-Xavier Dupont, avec 17 000 habitants par km2.

Un chiffre plus proche de ceux de Paris (21 000 habitants/km2) et de Levallois-Perret (24 000 habitants/km2) que de celles de Nanterre par exemple (8 000 habitants/km2).

2 milliards d’euros pour atteindre le quota ?

Un autre aspect rend Neuilly-sur-Seine unique : le prix moyen de l’immobilier. C’est ici qu’il est le plus cher en France, à 11 783 € le m2 d’après le baromètre LPI-Seloger, soit plus que Paris qui affiche une moyenne de 11 390 € par m2. Comme il n’y a pas de terrains vides, la mairie pourrait préempter les logements qui se libèrent, c’est-à-dire les acheter, avant d’en faire des HLM.

Mais « on ne peut pas faire de logement social à n’importe quel prix, pense François-Xavier Dupont. Les bailleurs doivent louer à un tarif de location sociale, c’est compliqué si le prix qu’ils payent à l’achat n’a rien à voir. »

Enfin, le coût des opérations pour arriver à 25 % de logements sociaux est estimé à deux milliards d’euros. « Si la commune prend en charge la moitié, remarque le maire-adjoint, cela représenterait 175 millions d’euros d’investissement par an d’ici 2025, sur un budget annuel de 90 millions. »

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800 logements déjà éligibles ?

Alors que Neuilly comptabilise 17 000 demandes actives de HLM, « les logements libérés se comptent sur les doigts de la main ». La Ville investirait néanmoins 6 à 7 millions d’euros par an dans le financement de l’habitat social du département d’après le maire-adjoint. « In fine, le problème est qu’il y a un déficit de logements sociaux en Île-de-France. Peu importe où on les fait », résout-il. 

La commune envisage cependant d’acquérir une parcelle d’environ 1000 m2, située vers le parc de Bagatelle, et appartenant à la Ville de Paris. « On lui a fait savoir qu’on était intéressés », dit le maire-adjoint. La commune souhaiterait aussi « que l’État donne l’exemple. La caisse des Dépôts et des Consignations possède 800 logements privés à Neuilly. Pourquoi ne pas les conventionner ? », questionne François-Xavier Dupont.

Un recours contre la moitié des projets

Malgré tout, Neuilly a entrepris des démarches pour des projets de construction HLM. Outre rue Charles-Laffite, certains sont menés sur l’île de la Jatte, au 167-169, avenue Charles-de-Gaulle, ou encore dans un ancien garage rue Achille-Peretti. Mais un obstacle supplémentaire se dresse sur leur chemin, selon le maire-adjoint : « Il y a souvent des blocages des permis de construire, des recours. »

Ainsi, ces trois dernières années, « la moitié des opérations de construction de logements sociaux a fait l’objet d’un recours. Ça fige les opérations ». La population neuilléenne semble en effet réticente à vivre à côté d’habitats sociaux. « Les gens voient ça d’un mauvais œil, dit François-Xavier Dupont, ils veulent garder la même vue. »

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Les habitants contre les logements sociaux ?

L’association Familles de Neuilly a réalisé une modeste consultation en ligne, en février dernier. Selon ses résultats, 73% des 100 répondants neuilléens ont affirmé qu’ils ne voulaient « pas de construction HLM à Neuilly ». Pour la comparaison, 74% se sont aussi déclarés « défavorables aux constructions modernes qui dénaturent l’architecture de Neuilly ».

Pour le président d’honneur de Familles de Neuilly, Benoît Aguelon, cette posture anti-HLM serait liée à une « perception de la sécurité qui serait dégradée » ou encore « la modification du paysage urbain ». Mais il pointe surtout un manque de communication municipale sur le sujet : « Concernant les logements sociaux, il y a un déficit d’information flagrant en termes objectifs et en termes perçus. Les Neuilléens ne sont pas du tout au courant. » Entre le marché de l’immobilier et les habitants réticents, l’objectif des 25% de HLM n’est pas près d’être atteint.

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