Peut-on effacer une rue ? D’un plan urbain oui, assez facilement même, mais des mémoires, c’est une autre histoire. Baptisée en 1846, cette voie du 20e arrondissement parisien, qui démarrait rue des Couronnes pour finir rue Piat, n’aura pas vécu plus de cent trente-quatre ans. Sa vie, ses bruits, ses figures, ses secrets, ses querelles ou ses rires de voisinage sont depuis le début des années 1980 enfouis sous les gravas de la démolition.
Son histoire avait pourtant commencé en grande pompe, naissant sous le patronyme d’un architecte, propriétaire des terrains environnants et qui devint maire de Belleville en 1848. La petite artère fut même classée en 1863. Un siècle après, qualifiée d’îlot insalubre, la rue Vilin voit son sort définitivement scellé. Dès la fin des années 1960, la destruction commence, il faut tout raser pour créer du neuf, de l’espace et de la verdure dans un quartier qui en manque.
Sauf que, si on déambule le long de l’ancien tracé de la rue Vilin, tout semble aujourd’hui vouloir dire – à qui veut le voir – qu’il y a eu une vie ici, dense et sonore, comme l’était le quartier de Belleville de l’époque. Son contour est des plus faciles à retracer : en droite ligne vers le nord-est, avec une légère torsion qui permettait à la voie de se terminer par un grand escalier et offrait depuis son sommet une belle vue panoramique sur Paris.
Dans la portion de la rue Vilin ayant échappé à la démolition, qui relie encore la rue des Couronnes à la rue Julien-Lacroix en longeant le petit jardin Gabriële-Buffet, aucun numéro n’apparaît, aucune adresse à qui envoyer une carte postale ou une facture. L’entrée dans chacun des grands immeubles qui la constituent de part et d’autre se fait par une rue adjacente.
Au premier angle sur la droite, chez Momo l’épicier, au 31 rue des Couronnes, les clients entrent et sortent, en journée et en soirée, apportant un peu de mouvement. Sur cette portion de rue subsistante, son nom apparaît à quatre reprises, écrit en lettres capitales blanches sur les plaques de métal bleu marine à bord vert. « Rue Vilin ».
Les souvenirs les plus forts qui l’habitent, ce sont les écrits de Georges Perec. Dans Lieux (Editions du Seuil, 2022), un projet mené de 1969 à 1975, l’écrivain raconte cette rue entre souvenirs et oublis, entre déambulation et destruction. La rue Vilin est déjà condamnée et, comme dans un effacement parallèle, l’écrivain dit, lui aussi, avoir perdu le souvenir précis de ce qu’étaient six ans d’enfance dans cette artère, où il vécut au n° 24.
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