, Pétrole français : la mairie de Paris conteste l’extension d’un site de forage qui menace l’eau et la santé des habitants

Pétrole français : la mairie de Paris conteste l’extension d’un site de forage qui menace l’eau et la santé des habitants

, Pétrole français : la mairie de Paris conteste l’extension d’un site de forage qui menace l’eau et la santé des habitants

Par le biais d’un décret signé par Élisabeth Borne quelques jours avant sa démission de son poste de première ministre, mais aussi par le ministre de l’Économie Bruno Le Maire et par Agnès Pannier-Runacher, alors ministre de la Transition, et par un arrêté de la préfecture de Seine-et-Marne, une petite compagnie pétrolière a obtenu l’autorisation de l’extension d’un site de forage situé au sud du département, selon une enquête de Libération. Ainsi, la société Bridge Energies devrait pouvoir creuser deux nouveaux puits à quelques centaines de mètres de la commune de Nonville (Seine-et-Marne).

Si ces autorisations sont contraires aux ambitions affichées de la France de sortir progressivement des énergies fossiles, elles menacent surtout directement la santé de 180 000 Franciliens et les écosystèmes du territoire : les nouveaux forages traverseront une importante nappe phréatique. Ce projet “est une catastrophe environnementale en puissance, à l’heure où les ressources en eau sont de plus en plus menacées”, a affirmé la mairie dirigée par Anne Hidalgo, lundi dans un communiqué. Son opérateur, Eau de Paris, a saisi en référé le tribunal administratif de Melun pour faire suspendre l’arrêté préfectoral du 30 janvier autorisant l’ouverture de travaux sur la concession d’hydrocarbures.

« Ce projet d’hydrocarbures est une catastrophe écologique en puissance »

Eau de Paris, l’établissement public chargé du prélèvement, du traitement et du transport de l’eau potable vers la capitale, voit en effet dans cette potentielle extension une menace directe pour son réseau de distribution. La nappe phréatique concernée alimente les robinets des 789 habitants du bourg de Villemer, et de plus d’une centaine de milliers de Parisiens, en particulier du Ier, IIe, IIIe, IVe, VIIe, XVe et du XVIe arrondissement.

« Ce projet d’hydrocarbures est une catastrophe écologique en puissance, estime Dan Lert, président d’Eau de Paris à LibérationIl s’agit d’extraire et de manipuler des barils de pétrole supplémentaires dans une zone qui a été classée il y a trois ans « périmètre de protection éloignée » au regard des risques de pollution sur l’eau ! Comment le gouvernement peut-il justifier et engager sa responsabilité sur ce choix dangereux et si aberrant face à l’urgence climatique ? »

Les maires de Nonville, de Villemer, et de La Genevraye, fustigent cette autorisation et craignent pour la santé de leurs habitants. « On peut vivre sans pétrole, mais on ne peut pas vivre sans eau, expose à Libération Franck Beaufreton, maire de Villemer. À un moment donné, il serait temps de revoir l’ordre des priorités. » Les experts d’Eau de Paris mettent aussi en garde contre les dangers qui guettent la rivière du Lunain, une fois le pétrole sorti du sous-sol. « Le danger principal, c’est l’accident lors de l’acheminement des hydrocarbures, complète un spécialiste de la régie. En sortant du site, les camions [qui vont jusqu’à la raffinerie du Havre] commencent par longer le Lunain. Et le Lunain traverse le périmètre sourcier de Villeron. Si ce cours d’eau est contaminé, c’est tout le point d’eau potable qui pourrait l’être. »

Le premier secrétaire du PS et député de Seine-et-Marne, Olivier Faure, s’est rendu sur place lundi en compagnie d’Aurore Lalucq. “Non seulement on ne devrait plus accepter de nouveaux forages hydrocarbures, mais les autorisations sont données dans une zone classée « zone de protection » à quelques dizaines de mètres du Lunain, rivière classée Natura 2000”, a-t-il critiqué sur X (ex-Twitter).

Bridge Energies a déjà connu deux incidents depuis son arrivée sur la concession. En 2022, de l’eau à 68°C remplie d’hydrocarbures s’est répandue sur la plateforme. En 2013, un camion avait déversé accidentellement une partie de sa citerne sur les petites routes traversant Nonville, selon les informations de Libération. L’entreprise “ne souhaite pas faire de commentaire tant que le tribunal administratif n’a pas rendu sa première ordonnance” sur le recours déposé en urgence, a indiqué à l’AFP son président Philippe Pont. Pas plus que le ministère de l’Économie.

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