Pour expliquer l’origine du nom de la fameuse place lyonnaise, il faut remonter au Moyen-Age. A cette époque, nous apprend le Dictionnaire historique de Lyon, « le lieu, peut-être un ancien bras du Rhône, est d’abord occupé par des remparts et des fossés -en latin, terralia-, ce qui donnera Terreaux, fermant la ville sur sa partie septentrionale. Ces fossés, où l’on s’exerce volontiers à l’arbalète et à l’arquebuse, sont ensuite comblés, formant une place sur laquelle se tient longtemps… le marché aux cochons ».
L’importance de l’abbaye
Le morceau de plan reproduit ci-dessous permet de se faire une idée de la situation au XVIe siècle, quand la place des Terreaux n’existe pas encore. ll reproduit le fameux « plan scénographique de Lyon au XVIe siècle », dessiné entre 1548 et 1553 avec un luxe de détails. La rue Saint-Pierre, qui deviendra la rue Paul-Chenavard en 1895, et la rue Saint-Esprit (actuelle rue du Plâtre), bordent à l’ouest et au sud l’abbaye de Saint-Pierre-les-Nonnains, qui occupe une large place dans ce secteur de la presqu’île et compte alors deux églises, Saint-Pierre et Saint-Sornin.
On peut aussi y voir des rues qui ont gardé leur dénomination aujourd’hui, comme celle de l’Arbre-Sec, dont l’existence est attestée au moins en 1373. Ainsi, donc, que des dénominations correspondant aux précédentes vocations de cet espace comme « Le marché au porceux » ou encore les « vieulx foussés ».
Un lieu de pouvoir
A ce stade, la place n’est pas marquée par le monument phare qui la domine encore aujourd’hui : l’Hôtel de Ville. Il faut attendre encore quelques décennies, comme le montre cette gravure de 1653.
Elle immortalise l’Hôtel de Ville, dont la partie donnant sur la place des Terreaux vient tout juste d’être achevée. Les membres du consulat, l’organe qui incarne le pouvoir municipal, s’y réunissent pour la première fois en 1652, même s’il faut attendre 1672 pour voir le chantier aboutir.
Un couvent en évolution
On doit en partie la première mouture du bâtiment à Simon Maupin, architecte qui a aussi signé l’une des représentations scénographiques les plus abouties de la ville au XVIIe siècle. Il est en effet l’auteur d’un plan intitulé « Description au naturel de la ville de Lyon et païsages alentour d’icelle », publié en 1659, qui sera suivi de deux autres éditions mises à jour en 1694/1695 et en 1714.
Le montage ci-dessous se focalise sur la place des Terreaux telle qu’elle est représentée dans les deux premières éditions. Il permet de saisir les principales modifications à l’œuvre entre les deux périodes, comme une nouvelle fontaine (à la place d’une pyramide surmontée d’une croix) et surtout l’apparition de la nouvelle grande façade du couvent des Dames de Saint-Pierre, dont la construction s’achève en 1685.
Une physionomie aboutie au XVIIIe siècle
« A la fin du XVIIe siècle, la place acquiert enfin sa physionomie vraiment monumentale par la reconstruction du couvent des Dames de Saint-Pierre », résume Jean Pelletier dans son ouvrage « Connaitre son arrondissement : le 1er ».
« Le mur disgracieux est remplacé par une magnifique façade percée de fenêtres. Un large porche devient l’entrée principale et donne sur le jardin intérieur. Durant le XVIIIe siècle, l’ordonnance de la place est presque définitive. Elle est encore plus animée : Spréafico, un célèbre glacier d’origine italienne (milanaise), s’y installe côté nord et elle est connue dans toute l’Europe ».
Les mutations de l’Hôtel de Ville
Entre les deux versions du plan de Simon Maupin, un autre édifice clé de la place a vécu des heures sombres : le 13 septembre 1674, l’Hôtel de Ville est touché par un incendie qui ravage le bâtiment principal et le beffroi.
Les finances municipales sont en berne, et il faut attendre une bonne vingtaine d’années pour qu’un projet de restauration soit confié à Jules Hardouin-Mansart, architecte de Versailles, et à son élève Robert de Cotte.
Leurs travaux sont réalisés au début du XVIIIe siècle.
Une fonction préfectorale
L’édifice bénéficiera d’une nouvelle campagne importante de restauration au XIXe siècle. Deux facteurs rendent une intervention indispensable, nous apprennent les Archives municipales, qui conservent une photo de 1857 montrant le chantier.
Elles évoquent en effet « l’état très dégradé du bâtiment, symbole du pouvoir politique, qui a connu les troubles de la Révolution, dont le bombardement de 1793, les mouvements insurrectionnels de 1831 et 1834 et l’avènement agité de la Seconde République en 1848 ».
Par ailleurs, il faut souligner « l’installation de l’administration préfectorale à l’Hôtel de Ville en 1858, en raison du décret du 24 mars 1852 confiant les fonctions de maire au préfet. Celle-ci reste à l’Hôtel de Ville jusqu’en 1890 avant d’emménager dans l’actuel bâtiment de la préfecture ».
Deux marqueurs forts
C’est aussi au XIXe siècle que l’autre bâtiment emblématique de la place prend un nouveau départ. Après l’expulsion des moniales de l’abbaye pendant la Révolution, le lieu bénéficie en 1801 du décret Chaptal instituant des collections de peintures dans quinze villes de France : c’est l’acte fondateur du Musée de Lyon.
Plus de deux siècles plus tard, la place des Terreaux est toujours marquée par la présence de l’Hôtel de Ville et du musée, devenu au fil du temps celui des Beaux-Arts.
Une fontaine chasse l’autre
La fameuse fontaine de Bartholdi, qui donne aujourd’hui son charme à la place des Terreaux, n’a pas toujours dominé cet espace central de la cité lyonnaise.
Avant son inauguration en 1892 (sur le côté ouest de la place, elle sera positionnée à son emplacement actuel dans les années 1990), une autre fontaine, dite de Tourny, occupait le paysage.
On peut la voir sur le cliché ci-dessous, conservé à la Bibliothèque municipale. Inaugurée en 1856, elle sera déplacée place Guichard où elle trône entre 1892 et 1948.
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