, Cette ville des Yvelines voulait l’interdire, le dresseur de fauves et son cirque vont jouer

Cette ville des Yvelines voulait l’interdire, le dresseur de fauves et son cirque vont jouer

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Il aurait pu être une star du monde du cirque, l’héritier d’une longue tradition de dompteur de fauves, tête d’affiche flamboyante des spectacles itinérants sous chapiteau pendant plus d’un siècle, celui d’avant.

Le 23 mai 2024, lorsque Teddy Seneca, ses tigres, ses lions, sa hyène, toute sa ménagerie, mais aussi sa famille, cousins et associés se sont installés dans l’enceinte de l’Île de loisirs du Val-de-Seine, il n’a pas fallu longtemps pour que le maire de Verneuil-sur-Seine (Yvelines), Fabien Aufrechter, s’indigne de la présence d’un « cirque illégal » sur sa commune et lui demande « de partir ».

Amalgame avec les Roms

Dans son message publié sur Facebook, l’élu municipal a même fait le lien avec le camp de Roms devenu un bidonville dans une autre zone de l’Île de loisirs. Un outrage pour Teddy Seneca. « Je n’ai rien contre les Roms, mais je n’ai rien à voir avec eux », s’insurge le circassien.

« Je suis chrétien évangéliste. Ma famille est arrivée en France avec Buffalo Bill (lors de sa tournée en Europe entre 1889 et 1912, NDLR) et le cirque Ethan & Shanly Seneca existe depuis 1772. Je suis la 8e génération. »

Teddy Seneca, propriétaire de cirque

Le dresseur se défend contre les soupçons de « maltraitance animale » que le maire de Verneuil-sur-Seine a formulé. « Le dossier est dans les mains de notre avocat. Mes enclos sont trois fois plus grands que la norme et nous respectons toutes les règles. Nous avons eu droit à un contrôle vétérinaire jeudi 30 mai 2024 et tout s’est bien passé. La Préfecture m’a confirmé qu’on a le droit de jouer. »

« On nous jette des pierres »

En France, depuis que la loi contre la maltraitance animale a été votée, en 2021, le métier de dompteur de fauves est condamné à disparaître. La fin des animaux sauvages dans les cirques itinérants est officiellement actée pour 2028. Mais de nombreuses communes ont pris des arrêtés municipaux pour interdire, d’ores et déjà, leur séjour sur leur territoire.

« Dans le coin, Triel-sur-Seine ne veut pas de nous, Les Mureaux non plus pour des raisons différentes. C’est devenu compliqué de travailler. C’est vrai pour les cirques avec animaux, mais pas seulement. Avant, quand on arrivait, c’était la fête. Aujourd’hui, on nous jette des pierres », constate Teddy Seneca en nous faisant visiter son installation, avec un troupeau bigarré qui se promène dans un grand enclos et des fauves paisibles et bien portants dans leurs cages. Il peut ajouter Carrières-sous-Poissy à cette liste non exhaustive de communes qui refusent de l’accueillir.

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Teddy Seneca est l'héritier d'une longue lignée de circassiens dompteurs de fauves. Il refuse de voir son métier et ses animaux disparaître en 2028. Installé à l'île de loisirs du Val de Seine jusqu'au 9 juin 2024, son cirque a provoqué la colère du maire de Verneuil-sur-Seine (Yvelines), Fabien Aufrechter.
À l’aise dans la cage aux lions, Teddy Seneca a vu naître la plupart de ses animaux issus du monde sauvage. ©Ludovic VINCENT

La mesure n’a aucun fondement juridique, mais elle annonce la couleur aux forains et aux habitants. Sur un plan strictement électoral, elle fait même consensus. En 2021, 72 % des Français interrogés se disaient favorables à l’interdiction des animaux sauvages dans les cirques. Ils étaient 67% en 2019 et seulement 20 % en 1993.

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Quitte à filouter pour s’imposer dans des villes où il sait qu’il n’est pas le bienvenu, Teddy Seneca compte bien poursuivre son activité jusqu’au bout. Il fait partie de ceux qui refusent de se séparer de ses bêtes. Il le disait déjà dans une enquête publiée en décembre 2023 par actu.fr et titrée : « Fin des animaux sauvages : comment les cirques veulent contourner la loi. »

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L’Île de loisirs n’attendait pas un cirque avec des animaux

Prise à partie par Fabien Aufrechter, Fabienne Devèze reconnaît qu’elle a programmé un cirque à l’Île de loisirs « mais pas un cirque avec des animaux sauvages. Je ne l’ai compris que lorsqu’ils sont arrivés. » La conseillère départementale et Vice-présidente de GPSEO avait eu de bons échos de la part des habitants de Morainvilliers (Yvelines), où elle est maire, sur la prestation des acrobates d’un cirque de passage dans sa commune.

« J’ai proposé au gérant du cirque de se produire à l’Île de loisirs et nous avons calé ces dates. La convention ne précisait pas que nous ne souhaitions pas d’animaux sauvages », poursuit la présidente de l’Île de loisirs, élue en février 2023 à la tête du syndicat mixte de gestion qui regroupe la Région Ile-de-France, le Département des Yvelines, la Communauté urbaine GPSEO et la Ville des Mureaux.

Entre-temps, Teddy Seneca s’était associé avec l’autre circassien. « Il n’avait pas d’animaux et moi pas d’acrobates. Nous avons fusionné nos spectacles. J’ai même dû décaler une autre ville pour être là. Nous avons signé la convention avec l’Île de loisirs et toutes les autorisations nécessaires. Nous sommes conformes », affirme Teddy Seneca entre deux câlins avec une de ses lionnes et un compliment à Shakira, la hyène.

Teddy Seneca est l'héritier d'une longue lignée de circassiens dompteurs de fauves. Il refuse de voir son métier et ses animaux disparaître en 2028. Installé à l'île de loisirs du Val de Seine jusqu'au 9 juin 2024, son cirque a provoqué la colère du maire de Verneuil-sur-Seine (Yvelines), Fabien Aufrechter.
Le watusi, un cousin africain de la vache domestique européenne. ©Ludovic VINCENT

Contrat signé, pas de marche arrière

La présidente de l’Île de loisirs confie qu’elle aurait « préféré qu’ils partent », mais il n’était plus question de faire marche arrière. « J’ai découvert les propos de Fabien Aufrechter quelques jours après sa publication parce que je ne suis pas une fervente adepte des réseaux sociaux, poursuit Fabienne Deveze. Il l’a fait alors que nous sortions d’une réunion avec ses services municipaux et les représentants du cirque qui s’était bien passée. Je déplore l’amalgame qu’il fait avec le camp des Roms, d’autant plus que je me sens bien seule face à cette situation. Le tribunal administratif a jugé deux fois que la situation n’était pas urgente. »

« Concernant le cirque, je ne crois pas qu’il mérite d’être traité de la sorte. Avec les animaux sauvages, ce n’est pas ce que j’attendais mais le cirque reste un spectacle populaire. »

Fabienne Deveze, Présidente de l’ïle de loisirs du Val de Seine

« Ils jouent sur la liberté du travail et il est vrai qu’il n’y a que le Préfet qui peut les empêcher de s’installer », confirme François Garay, le maire des Mureaux. Fervent défenseur du monde du cirque, à qui sa Ville consacre un festival, il raconte : « Il doit rester une trentaine de familles qui ont des cirques avec des animaux sauvages et dont l’histoire remonte parfois aux années 1900. Certains ont commencé à se réinventer en devenant cascadeurs. Ils n’ont pas le choix, les animaux sauvages ne sont plus adaptés à l’activité spectacle aujourd’hui. Il y a eu beaucoup d’abus qui ont fait beaucoup de mal à ceux qui travaillaient bien. »

« Il faut reconnaître que leurs fauves représentent un patrimoine financier aussi, qui n’aura bientôt plus la même valeur. L’État doit être plus clair sur l’accompagnement qu’il leur propose. »

François Garay, maire des Mureaux

Patrimoine financier et affectif

Selon Teddy Seneca, pour qui ce patrimoine est aussi très affectif, les négociations sur le sujet sont mal entamées. L’homme est plus qu’engagé pour sa cause, on le retrouve dans les discussions ministérielles comme à la manifestation sur la N10 en 2021, lorsque le maire de Trappes, Ali Rabeh, avait voulu interdire, lui aussi, un cirque avec des animaux sauvages avant de voir son arrêté cassé par le tribunal. « Mes collègues ont été nombreux à me proposer de faire la même chose en découvrant les attaques du maire de Verneuil-sur-Seine. Cela ne sera pas nécessaire« , rassure Teddy Seneca.

Il était aussi à Mantes-la-Jolie (Yvelines), le 19 mai 2024. « On n’avait pas toutes les autorisations de la Ville au départ mais finalement, ça s’est bien passé. » De son passage, il reste cet article dans la rubrique fait divers de 78actu : « Dans un contexte de violences urbaines, plusieurs individus auraient entrepris de libérer les animaux d’un cirque. »

« J’en profite pour rectifier. Ce ne sont pas des jeunes de la cité qui ont tenté de s’en prendre à nos animaux. C’est une histoire entre forains, un malentendu qui s’est réglé à l’amiable », lâche Teddy Seneca avant de se lancer dans la promotion de son spectacle.

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Un troupeau d’une soixantaine d’animaux

« Verneuil-sur-Seine nous a empêchés de tracter et d’afficher alors il n’y avait pas assez de monde pour faire la première représentation, mercredi 29 mai, mais nous jouons jusqu’au 9 juin 2024. Pour deux places achetées, c’est une place gratuite ! »

« Je suis légaliste, répond Fabien Aufrechter. S’ils sont en conformité et que le Préfet l’autorise, ils joueront. Mais ils n’ont pas demandé toutes les autorisations à temps. Je m’interroge surtout sur le manque de visibilité que nous avons sur la stratégie de l’Île de loisirs. » Ce sera l’objet d’un prochain article.

En attendant, ce n’est pas seulement un troupeau d’une soixantaine d’animaux et quelques acrobates qui sont en représentation à l’Île de loisirs du Val de Seine. Ce sont aussi les derniers tours de piste, jusqu’en 2028, de celui qui sera sans doute le dernier dompteur de fauves en activité en France. Fidèle à ses traditions, la vie en roulotte, la famille, les animaux et le show : Teddy Seneca.

Les représentations sont prévues vendredi 31 mai à 18h, mais aussi les 1, 2, 5 et 8 juin à 16h et le dimanche 9 juin à 14h30.
Les tarifs (enfant ou adulte) sont de 10€ (gradins), 15€ (loges de côté) et 25€ (VIP).

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