C’est un instant inédit dans la vie politique française. Inédit, car personne parmi les observateurs de la vie politique ne l’a vu venir. Inédit encore par sa soudaineté et par son calendrier très serré. Inédit, enfin, par l’incroyable bouleversement qu’il a provoqué dans les arcanes des partis situés des deux côtés de l’échiquier politique.
En annonçant la dissolution de l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron aura continué à redessiner les contours de la vie politique française. Après avoir éteint le PS et absorbé le MoDem et une partie du centre-droit en 2017, il vient, par cette annonce, porter un nouveau coup d’épée (peut-être fatal pour certains ?) aux formations politiques plus ou moins épargnées jusque-là.
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Car depuis son annonce du 9 juin, et l’organisation prochaine des législatives les 30 juin et 7 juillet, on assiste à une vraie course aux alliances. Une chasse aux accords, tantôt pour faire barrage à un bloc, tantôt pour tenter de continuer d’exister. Et une fois encore, la Seine-et-Marne ne déroge pas à la règle nationale
A gauche, l’union coûte que coûte
Les premiers à avoir dégainé dans ce jeu d’alliances sont les forces de gauche. Dès le 10 juin, celles-ci ont été capables de se rassembler et surtout mettre de côté leurs différences et leurs désaccords, parfois nombreux. Cette nouvelle union a ainsi supplanté l’ancienne Nupes de 2022. Allant du NPA à Place publique, en passant par les Écologistes, la France insoumise, le Parti socialiste ou encore le Parti communiste, le Nouveau Front populaire a pris forme pour « proposer une alternative au Rassemblement national et à la majorité présidentielle », avançaient les cadres du mouvement lors de la conférence de presse du 14 juin.
Même si quelques voix d’électeurs de gauche se sont élevées pour dénoncer un accord avec la France insoumise, c’est en respectant ce pacte que le Parti socialiste de Seine-et-Marne a décidé de se lancer à l’assaut des législatives. » Je suis très heureux qu’un accord ait pu être trouvé entre les partis de gauche, se félicite Olivier Husson, ancien maire de Voinsles, et premier secrétaire, depuis 2021, de la Fédération 77 du Parti socialiste. Cette union a été validée avec 96% de voix pour. Les principes essentiels ont été rappelés et le programme conforme à ce que l’on espérait. C’est un nouvel espoir qui se lève… » Sur le plan programmatique, les forces de gauche se sont mises d’accord sur une hausse du Smic, la possibilité de revoir l’âge de départ à la retraite ou encore sur le cas de l’aide à l’Ukraine.
En Seine-et-Marne, le Nouveau Front populaire sera présent dans les 11 circonscriptions que compte le département. Un schéma identique à celui de 2022, à une exception près. Le PS qui n’avait qu’un seul candidat en 2022, en la personne d’Olivier Faure sur la 11e circo (Savigny), aura un second candidat sur la 9e (Pontault-Combs). Outre le patron du parti au poing et à la rose qui part pour sa réélection, Céline Thiébault-Martinez sera candidate dans la circonscription détenue par Michèle Peyron (Renaissance) depuis 2017.
Dans les autres circonscriptions, La France insoumise fait de nouveau confiance à ses deux députés sortants, Ersilia Soudais (7e circo) et Maxime Laisney (10e circo). Si quelques candidats étaient déjà présents au scrutin de 2022, un certain renouvellement a été opéré pour cette nouvelle échéance.
Enfin, comme en 2022, une circonscription a été réservée pour les Écologistes. Il s’agit de la 8e (Roissy-en-Brie – Ozoir). Arnaud Bonnet a été de nouveau investi. « L’objectif est de gagner toutes les circonscriptions en Seine-et-Marne. Ce Front populaire rebat les cartes, et notre sujet, ce sont les Français et les Seine-et-Marnais, en mettant l’accent sur la ruralité notamment », promet Olivier Husson.
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LR : un mariage forcé, un divorce consommé et un silence assourdissant
À droite, le Rassemblement national a le vent en poupe. Porté par les très forts résultats des européennes, le parti se dit « prêt à gouverner », comme l’assure Aymeric Durox, sénateur RN du 77. Dans cette courte campagne, le parti frontiste a reçu un appui de taille, celui d’Eric Ciotti, le président des Républicains. L’homme a pris de court les cadres de son mouvement, en actant un accord avec le RN pour les législatives, avant qu’une procédure d’exclusion soit menée contre lui.
Du côté des LR77, la pilule fut manifestement difficile à avaler, comme peut en témoigner le très long silence opéré par ces principaux leaders. « Je trouve la situation déplorable, tempête Valérie Lacroute, présidente de la Fédération LR de Seine-et-Marne. C’est le fait d’un homme seul qui a décidé de renier les fondements de notre parti, c’est inadmissible de ne pas avoir échangé et de laisser tout le monde en carafe. Quand on est président, on est dans la décision collégiale, on ne peut pas mettre la vie d’un parti politique en danger de cette façon ». Si elle reconnaît que les électeurs du parti sont partagés entre les tentations de rapprochement avec Renaissance et le Rassemblement national, elle plaide pour une solution radicale : « Il faut que notre parti évolue. Je pense même qu’il faut fermer la boutique et reconstruire autre chose ».
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Concernant les législatives, ce n’est que dimanche tard que les choix d’investiture ont été arrêtés, avec la décision de ne pas présenter de candidat dans toutes les circonscriptions : « Certains élus n’ont pas envie d’y aller pour faire acte de présence ». Frédéric Valletoux (2e circo), n’aura par exemple pas de candidat LR en face de lui, au prix d’un accord entre la majorité présidentielle et les LR qui n’a pas été du goût du comité de circonscription qui ne donnera pas de consignes de vote.
Bien qu’il dérange la droite, ce « mariage » fait les affaires des proches de Marine Le Pen. « Je suis ravi de ces candidatures, je réclame cette union des droites depuis longtemps. Deux options s’offraient aux LR : mourir seuls, ou nous rejoindre. Je crois qu’Eric Ciotti a fait le bon choix. Les autres s’enferment dans leur brevet de chiraquisme ridicule. Ils seront balayés », s’est notamment exprimé Aymeric Durox.
Le parti lepeniste a donc choisi de soutenir des candidats LR dans certaines circonscriptions de Seine-et-Marne. Trois membres Les Républicains, mais aussi un candidat qui était encore encarté LR l’an dernier, ont été investis. Parmi eux, figure Davy Brun, maire de la commune de Quiers, candidat dans la 3e circonscription, mais surtout Vincent Paul-Petit, maire LR de Seine-et-Port et élu de la majorité LR au conseil départemental : « Les LR ne sont plus en situation d’imposer, estime ce dernier, qui sera candidat dans la 11e circonscription, face à Olivier Faure, le patron du PS. Le RN évolue et se prépare à devenir un parti de gouvernement. Aujourd’hui, je fais le pari de les aider et de participer à cette union des droites autour d’un projet de redressement général du pays. » Enfin, le RN bénéficie de quelques transfuges de Reconquête, le parti d’Eric Zemmour, qui apparaissent comme suppléants.
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La majorité navigue en outsider
Avec sa déclaration, Emmanuel Macron a donc rebattu les cartes de la politique française. Mais cette décision n’a pas épargné son propre camp. Renaissance et ses alliés sont ainsi passés de la place tant convoitée de premier bloc politique français au troisième rang, loin derrière le RN et la gauche. Selon les derniers sondages, la majorité présidentielle accuse le coup, affaiblie par sept années au pouvoir.
Pour ce scrutin, les macronistes ont renouvelé leur confiance aux députés sortants. Michèle Peyron sur la 9e et Hadrien Ghomi sur la 8e remettent leur mandat en jeu. Une tâche qui s’annonce plus ardue qu’il y a deux ans. « J’espère que le vote sanction des élections européennes sera moins prononcé », souffle à demi-mot, un membre du parti présidentiel local. Mais il est vrai qu’au vu du contexte, il sera sans doute bien compliqué pour Hadrien Ghomi de rempiler, lui qui avait été élu pour quatre voix face à un candidat écologiste en 2022…
Pour sa part, Anthony Landais, le secrétaire général de Renaissance en Seine-et-Marne, ajoute que des soutiens ont été apportés « à Aude Luquet (MoDem) sur la 1re circonscription ou encore au ministre de la Santé, Frédéric Valletoux (Horizons) sur la 2e« .
On ne parle pas ouvertement de sauver les meubles, mais c’est bien ce qui se préfigure. A moins d’une nouvelle surprise. Vous a-t-on dit que nous vivions un instant inédit ?
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