Le projet de forage pétrolier en Seine-et-Marne, contre lequel la mairie de Paris a engagé une procédure en référé, « respecte la loi », a estimé mardi 7 mai le ministre de l’Industrie Roland Lescure, une position partagée par son homologue à la Santé Frédéric Valletoux en dépit de « réserves » exprimées sur ce projet.
Lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, la députée écologiste de Paris Sandrine Rousseau avait demandé au gouvernement d’« arrêter immédiatement » ce projet, dénonçant une autorisation de l’exécutif « irresponsable » lors des questions au gouvernement à l’Assemblée.
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« Nous respectons la loi qui a été votée ici », a répondu Roland Lescure, évoquant la loi de 2017 prévoyant la fin de la production d’hydrocarbures en France d’ici 2040. « Cette loi prévoit que les concessions (…) puissent être exploitées jusqu’en 2040. Celle dont vous parlez, c’est 2034 », a-t-il dit.
Il a en outre énuméré des « conditions extrêmes » prévues par l’arrêté préfectoral, dont le suivi par un géologue des travaux de forage, « des critères spécifiques imposés aux fluides utilisés pour le forage, le contrôle de l’ensemble des produits chimiques utilisés sur le site, le contrôle de la cimentation des puits et évidemment la mesure de la turbidité, c’est-à-dire de la qualité de l’eau ».
Le gouvernement « joue avec le feu »
La petite compagnie pétrolière Bridge Energies est titulaire d’une concession d’exploitation du gisement courant jusqu’en 2034 à Nonville (Seine-et-Marne), à 80 km au sud-est de Paris. Un seul de ses trois forages produit encore du pétrole, pour l’équivalent de 75 barils par jour. Mais elle a obtenu de l’Etat d’en ouvrir deux autres, d’une profondeur de 1 500 mètres.
Pour la mairie de Paris, il s’agit d’une « catastrophe environnementale en puissance, à l’heure où les ressources en eau sont de plus en plus menacées ». Elle craint des conséquences pour les captages de sa régie en charge de l’eau. Son opérateur, Eau de Paris, a saisi en référé le tribunal administratif de Melun pour faire suspendre l’arrêté préfectoral du 30 janvier autorisant l’ouverture de travaux sur la concession d’hydrocarbures de Nonville. Selon la mairie et l’entreprise productrice de pétrole Bridge Energies, la décision est attendue prochainement.
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Selon le projet, détaillé par « Libération » dans une enquête, les deux nouveaux puits traverseront en effet la nappe phréatique « au cœur de l’aire d’alimentation des captages d’eau souterraine de Villemer et de Villeron ». 180 000 Parisiens et Seine-et-Marnais reçoivent leur eau potable des deux captages. Le gouvernement « joue avec le feu », estime Dan Lert, adjoint à la transition écologique et président d’Eau de Paris.
Des réserves du ministre de la Santé
Ce dossier soulève également des « réserves » chez Frédéric Valletoux, ancien maire de Fontainebleau et député de Seine-et-Marne, devenu en février ministre de la Santé.
« En tant que maire de Fontainebleau puis de député, j’ai formulé à plusieurs reprises mes réserves et inquiétudes sur l’extension de la plateforme en cause au regard de l’impact environnemental et sanitaire pour le territoire, à l’unisson des maires de la commune concernée et des communes proches », a-t-il déclaré mardi à TF1. « C’est une conviction que j’avais en tant que député et que j’ai toujours en tant que ministre », a-t-il ajouté.
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Des propos qu’il a toutefois nuancés depuis une déclaration à l’AFP : « La justice administrative s’est prononcée sur ce projet et l’a validé et le préfet prend au quotidien toutes les mesures pour encadrer ces travaux et garantir les intérêts de protection de l’environnement », selon un message transmis par son ministère. « Je me suis assuré que (…) l’ARS (agence régionale de santé, NDLR) avait bien été consultée », a-t-il ajouté.
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