Gabriel Attal était interrogé ce vendredi matin au Sénat dans le cadre de la mission d’information sur la dérive des comptes publics depuis 2023.
L’ancien Premier ministre a assuré avoir pris des « décisions fortes » quand il était à Matignon pour juguler le dérapage du budget.
Il a aussi dénoncé le « procès politique, médiatique » fait à l’ancien ministre de l’Économie Bruno Le Maire.
Après Bruno Le Maire, c’était au tour de l’ancien Premier ministre Gabriel Attal de faire entendre sa vérité. Ce vendredi matin, le député des Hauts-de-Seine a été entendu par les sénateurs dans le cadre de la mission d’information sur la dérive des comptes publics depuis 2023. Il a assuré avoir pris des « décisions fortes » quand il était à Matignon pour juguler le dérapage du budget, sur lequel se penchent les parlementaires, qui estiment que le gouvernement avait en sa possession des informations qu’il n’a pas assez rapidement pris en compte dans sa politique.
« Nous avons eu des alertes (sur la dégradation des finances publiques de la France, ndlr) et nous avons pris, je crois, des décisions fortes », a affirmé l’ancien chef de gouvernement. « Nous avons révisé la prévision de croissance, nous avons rehaussé la cible de déficit, nous avons décidé de faire 20 milliards d’euros d’économies en cours d’année et nous avons préparé un budget de l’État avec 15 milliards d’euros d’économies », a-t-il fait valoir. « Je ne crois pas que dans le passé, sur un temps aussi court, un gouvernement ait identifié et ait osé réaliser autant d’économies », a-t-il appuyé, estimant avoir eu « une haute conscience de la tension sur nos finances publiques » quand il était rue de Varenne.
Accrochages avec le rapporteur de la mission
L’échange entre Gabriel Attal et les sénateurs a été marqué par des accrochages avec l’élu LR François Husson. « Cela part complètement en sucette! Quand il y a un écart de 50 milliards en neuf mois (…) c’est un manque de rigueur dans la tenue de nos comptes », s’est indigné le parlementaire. Le rapporteur a accusé l’ex-Premier ministre d’avoir engagé une longue liste de « dépenses nouvelles » pour un montant de cinq milliards d’euros, citant « les aides d’urgence à la filière bio, le versement du chèque énergie, différentes annonces pour la question agricole (…), la revalorisation salariale dans le secteur de la petite enfance et l’Ukraine ».
Ce dernier a contre-attaqué en exigeant de François Husson qu’il cite les dépenses qui ont « dégradé le solde 2024 », assurant que le dérapage budgétaire a été provoqué par un problème de recettes et non par des dépenses supplémentaires. Refusant d’entrer dans une bataille de chiffonniers, mais sans apporter de réponse aux questions réitérées de Gabriel Attal, l’élu LR a assuré que « tout cela était parfaitement vérifiable », se demandant si l’ancien chef du gouvernement n’était pas « dans une situation de déni ».
Attal dénonce un « procès politique, médiatique »
Gabriel Attal a dit également avoir trouvé « scandaleux » le « procès politique, médiatique » fait à l’ancien ministre de l’Économie Bruno Le Maire, saluant son « obsession de désendetter la France ». Le Sénat, dont la majorité de droite et du centre s’inscrivait dans l’opposition jusqu’à la nomination de Michel Barnier à Matignon, s’était montré très offensif ces dernières années contre Bercy et Bruno Le Maire, régulièrement accusé « d’insincérité » et « d’opacité » vis-à-vis du Parlement. Jeudi, l’ancien ministre de l’Economie a réfuté devant les mêmes sénateurs toute « faute » ou « dissimulation » face à l’importante dégradation des finances publiques de la France.
Le déficit public est attendu à 6,1% du produit intérieur brut (PIB) cette année, un chiffre très éloigné des 4,4% prévus à l’automne 2023 et des 5,1% prévus au printemps après réévaluation par l’exécutif précédent. Il ne passerait sous les 3% du PIB autorisés par l’UE qu’en 2029, faisant de la France un mauvais élève européen.
Le 15 novembre, ce sera au tour de l’ancienne Première ministre Elisabeth Borne d’être interrogée par les sénateurs dans le cadre de cette même mission d’information. Puis l’Assemblée nationale devrait elle aussi enquêter ces prochains mois.
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