, Yvelines : connaissez-vous l’étonnante histoire du « caillouteux » et de sa cathédrale idéale

Yvelines : connaissez-vous l’étonnante histoire du « caillouteux » et de sa cathédrale idéale

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Marcel Landreau dit « le caillouteux » avait édifié devant sa maison de la rue Louise-Michel, en face du stade de football, un univers en silex et autres cailloux dont les habitants de Mantes-la-Ville (Yvelines) se souviennent avec nostalgie, sans doute parce qu’il n’en subsiste aucune trace.

Il comprenait une imposante cathédrale devant laquelle on photographiait les jeunes mariés et les bébés le jour de leur baptême. Mais aussi une sculpture en pierres représentant l’accordéoniste Yvette Horner qui avait la particularité d’être animée et sonore…

Des cailloux trouvés sur le ballast

L’artiste avait raconté à André Escard, un spécialiste des « inspirés des bords des routes » venu l’interroger en 1978, comment tout avait commencé : « Quand je suis arrivé à Mantes en 1961, j’étais déjà cheminot, j’ai construit ma maison avec les Castors [le mouvement d’autoconstruction coopérative, N.D.L.R.].

« Et puis j’ai commencé à garnir ce talus. L’autoroute était en construction, j’ai récupéré pas mal de pavés. Certains avaient des formes… Et logiquement, ça s’est étendu, les champignons pour commencer, la cathédrale, les personnages. Je vais aussi chercher les cailloux dans les champs, j’en trouve sur le ballast. »

Marcel Landreau, interrogé en 1978

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Les cloches de Noirterre sonnaient à Mantes-la-Ville

Sa cathédrale sonnait les heures comme à Noirterre, la commune des Deux-Sèvres dont il était originaire. Landreau s’en était expliqué : « Je crois que ce que j’ai fait ici, ça m’a habitué au pays parce que j’ai ramené la campagne chez moi.

Il poursuivait : “Comme j’ai pas pu retourner au pays, alors ça m’a habitué ici. Je suis pas dépaysé. J’entends les cloches de Noirterre, les cloches de mon pays ! Je les ai enregistrées là-bas. »

Dans les pas de Marcel Landreau et de son œuvre

* 1961 : Marcel Landreau s’installe à Mantes-la-Ville.

* 1965 : Il commence la construction de sa cathédrale.

* 1972 : le peintre Jean Dubuffet, premier théoricien de l’art brut, vient rencontrer Landreau.

* 1978 : Les inspirés du bord des routes, de Jacques Lacarrière et Jacques Verroust, est le premier livre à parler du « caillouteux ».

* 1989 : Marcel Landreau quitte Mantes-la-Ville. Il meurt l’année suivante.

* 2023 : le musée de la Création Franche acquiert 37 œuvres de Landreau.

Il démantèle sa cathédrale en 1989

En 1989, parvenu à l’âge de la retraite, Marcel Landreau est rentré pour de bon à Noirterre, après avoir mis à bas sa cathédrale, n’en laissant strictement rien sur place.

On sait qu’il a pu remplir un wagon de fret avec une partie de ses sculptures, avantage accordé à l’époque aux cheminots qui déménageaient.

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37 sculptures atterrissent dans un musée en Gironde

Un de ses ex-collègues, Robert Gauvreau, avait raconté au Courrier de Mantes en 2018 qu’il l’avait aidé à transporter ses sculptures jusqu’à la gare. Ce sont ces 37 pièces que le musée de la Création Franche de Bègles (Gironde) a pu acquérir l’année dernière auprès d’un antiquaire.

« Il les avait achetées à la nièce de Marcel Landreau. Il tenait à ce qu’elles rentrent dans une collection publique. »

Hélène Ferbos, directrice du musée de la Création Franche à Bègles

L’écrivain Bruno Montpied, auteur du Gazouillis des éléphants (éditions du Sandre, 2017), un inventaire général des artistes hors circuit dans lequel Landreau figure en très bonne place, a mis en relation l’antiquaire et le musée.

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Le Gallion.
« Le Gallion » est l’une des œuvres de Marcel Landreau acquises par le musée de Bègles (Gironde). ©Collection musée de la Création Franche, Bègles (Gironde)

Marcel Landreau est mort en 1990

Hélène Ferbos nous apprend que Landreau est mort dans l’année qui a suivi son retour au pays natal, d’une septicémie : il s’était blessé avec un fer à béton lors du déménagement.

La conservatrice indique que les environnements comme celui de Marcel Landreau survivent rarement à leurs créateurs. « Ils disparaissent à grande vitesse, du fait parfois du vandalisme du voisinage, ou parce que les familles des artistes ne s’y intéressent pas. »

« C’est une forme de création mal comprise, poursuit la conservatrice. La question de leur conservation est très délicate. »

Hélène Ferbos, directrice du musée de la Création Franche à Bègles

Une sculpture du Général de Gaulle

Le sauvetage de quelques pièces majeures du « caillouteux », en particulier un de Gaulle levant les bras façon « Je vous ai compris », est à mettre à l’actif du musée de la Création franche. Elles ont été montrées au public pour la première fois il y a quelques jours lors de la Nuit des musées.

Une autre institution, le LaM (Lille Métropole Musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut), a ouvert un portail consacré aux « habitants paysagistes », comme les a nommés l’architecte Bernard Lassus.

Les documents mis en ligne sont parfois tout ce qui demeure d’œuvres singulières, indique Stéphanie Verdavaine, l’administratrice du site.

De Gaulle.
Le « De Gaulle » de Marcel Landreau est représentatif de l’œuvre singulière de Marcel Landreau. ©Collection musée de la Création Franche, Bègles (Gironde)

L’hommage à l’artiste

On peut y consulter la documentation qu’André Escard, déjà cité, a réunie sur Landreau, mais aussi de belles photographies de l’artiste dans son univers, prises en 1981 par Francis David.

Marcel Landreau y apparaît en créateur radieux quand des photos plus tardives le montrent mélancolique. Il n’avait pas encore décidé de raser son palais idéal pour s’en retourner vivre dans les Deux-Sèvres.

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