La parution du livre « 1940 : la bataille oubliée de Châlons » d’Aurélien Boucher, via la plateforme en ligne TheBookEdition, est le fruit d’un an et demi de travail. Ce guide conférencier originaire des Ardennes, désormais installé dans la ville-préfecture, a lancé sa micro-entreprise pour proposer des visites thématiques en lien avec l’histoire et le patrimoine marnais. Ses recherches sur la Deuxième Guerre mondiale à Châlons, dédiées à enrichir les circuits qu’il organise, l’ont mené à approfondir la période du 12 au 15 juin. « On connaît l’épisode du 12 juin et la mort du lieutenant Pierre Loyer alors qu’il repoussait l’offensive allemande depuis une fenêtre de l’hôtel de ville, peut-être moins les bombardements qui ont retenti dès le mois de mai et les combats qui ont suivi. »
Témoignages et archives inédites
L’ouvrage réunit des documents d’archives, des extraits d’articles de presse et des centaines de témoignages et de citations textuelles, tous datés, vérifiés et recoupés scrupuleusement, notamment à l’aide des écrits de plusieurs spécialistes. « Je souhaitais être le plus précis possible. Des témoignages de soldats, de civils et même de généraux allemands, retracent les faits avec beaucoup de détails, parfois heure par heure. »
Le passionné a découvert, aux archives départementales de la Marne, le fonds de l’abbé Pierre Gillet, membre de la Résistance sous l’occupation. « Plusieurs dossiers évoquent la défense de Châlons à travers des sources multiples. Des lettres, des rapports militaires ou des pompiers, des récits d’après-guerre, etc. Certaines archives n’avaient encore jamais été consultées. J’ai également trouvé beaucoup d’éléments en accédant aux archives fédérales allemandes. »
Destins tragiques et actes héroïques
Parmi les destins tragiques qu’il relate, celui d’un couple habitant vers la rue Léon-Bourgeois. « Ces personnes avaient près de 90 ans, leur fils était parti à Paris lors de l’exode. Ils se trouvaient dans leur maison au matin du 12 juin. La dame qui s’occupait d’eux a demandé au maire une ambulance pour les évacuer. On perd leur trace ensuite, mais on retrouvera leurs corps sur le secteur de la place Valmy. Les Allemands sont arrivés de Reims ce même matin par l’avenue Sarrail. Le couple a sans doute croisé leurs chars sur la route. »
Aurélien Boucher rend également hommage aux actes héroïques de l’époque : des habitants se démenant pour trouver des denrées et les distribuer par exemple, ou encore pour fournir de faux papiers aux prisonniers évadés des camps. « Ce livre, c’est un devoir de mémoire à mon sens, et une façon de défendre l’honneur des soldats dont l’image est parfois biaisée. Ils n’ont pas fui, ils ont même mené une sacrée bataille à l’époque. »
Le centre-ville incendié par les Allemands en représailles
Les prochaines visites du guide permettront de raviver ces souvenirs à partir des lieux châlonnais où se sont déroulés les faits. La place Foch évidemment, le pont de Marne et le quartier Notre-Dame, particulièrement meurtri par les incendies de juin 1940. « 210 immeubles du centre-ville ont été détruits par les Allemands pendant cette bataille, en représailles des actes résistants. On dénombre 13 victimes civiles et 91 soldats français tués, sur 550 présents, face à environ 12 000 soldats allemands. La rue Grande-Étape et la place aux Chevaux ont aussi été incendiées alors que la ville était déjà occupée. C’est ce qu’on qualifie de crime de guerre. » Et aujourd’hui encore, ailleurs qu’en France, l’histoire se répète.
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