Bulletins non disposés sur les tables ou légèrement déchirés, radiations « abusives » des listes électorales, bureaux déplacés… Les critiques se sont multipliées sur les réseaux sociaux tout au long de la journée de dimanche, alors que les Français étaient appelés aux urnes.
« Gardez les yeux ouverts »
Le coordinateur national des Insoumis, Manuel Bompard, a ainsi fait savoir, sur X, que les bulletins de sa candidate Manon Aubry « n’étaient pas disposés sur les tables de vote » à Domont, dans le Val-d’Oise, photos à l’appui.
« Il a fallu une intervention de notre part pour les mettre en place », a ajouté le député des Bouches-du-Rhône, lançant un appel à ses sympathisants : « Soyez vigilants et alertez-nous de tous les dysfonctionnements ! ».
Ce genre de message d’alerte a fleuri sur les comptes de la plupart des dirigeants du mouvement, dans le sillage du leader Jean-Luc Mélenchon, qui a souhaité, ces derniers jours, que LFI « déclenche une commission d’enquête sur le déroulement des élections en France ».
« Gardez les yeux ouverts. Accomplissez votre devoir civique dans la vigilance. Signalez tout dysfonctionnement ou irrégularité », a ainsi relayé, dimanche, sur X, la cheffe des députés LFI, Mathilde Panot.
La situation à Toulouse a notamment cristallisé les critiques, le député de Haute-Garonne, François Piquemal, déplorant, dans la matinée, une « pagaille électorale » localement. Plus particulièrement ciblé par LFI : le déplacement géographique de certains bureaux, sans indication suffisamment claire pour les électeurs.
L’adjoint au maire chargé des élections, Sacha Briand, a assuré que le vote se déroulait « parfaitement » dans la ville rose, expliquant qu’un seul des 277 bureaux de vote a ouvert en retard, à 9 h 30 ; en raison d’un problème de clé dans une école. « Il y a eu un regroupement de certains bureaux de vote, nous avons envoyé un courrier à chaque électeur, pour les prévenir. Et une information a été apposée devant les anciens bureaux de vote », a-t-il ajouté.
« Méthodes de Trump »
Dans le Val-d’Oise, le député Aurélien Taché, soutien de LFI, a, lui, affirmé avoir été radié des listes électorales, se disant « un petit peu surpris » de ne pas avoir été prévenu et annonçant « engager une action judiciaire pour être réintégré ».
La mairie de Cergy a répondu qu’en effet, Aurélien Taché avait été radié, le 6 mai 2022, mais que cela faisait suite à « un rattachement dans une autre commune ».
« Un député de la République s’inspire des méthodes de Trump pour jeter le discrédit sur la démocratie en France », a déploré le maire socialiste de Montpellier.
Le sujet des radiations a également été brandi en Essonne par la députée Farida Amrani, celle-ci alertant sur le cas de « plus de 50 personnes, radiées abusivement par le maire d’Évry-Courcouronnes » et qui se trouvaient au tribunal d’instance, « certaines depuis 10 h, pour être réintégrées ».
À l’autre bout de l’échiquier politique, le Rassemblement national a, lui aussi, épinglé un « grave incident » dans une commune du Pas-de-Calais, où l’absence de bulletins au nom de la tête de liste RN, Jordan Bardella, a retardé l’ouverture d’un bureau de Courcelles-lès-Lens.
Il est impossible de croire à un manquement involontaire de la part de la municipalité d’extrême gauche, entièrement responsable de cette situation
« Il est impossible de croire à un manquement involontaire de la part de la municipalité d’extrême gauche, entièrement responsable de cette situation », a lancé le délégué départemental et sénateur RN, Christopher Szczurek, promettant une plainte.
Mais l’essentiel des accusations émanait bien du mouvement de Jean-Luc Mélenchon : samedi encore, il avait évoqué « des dizaines de remontées » au sujet de « professions de foi non distribuées », quand d’autres figuraient « en double ou en triple dans une même enveloppe ».
Ces dénonciations de possibles irrégularités, rarissimes à l’échelle nationale en France, avaient été décrites comme « un dérapage incompréhensible » par son ancien allié socialiste Olivier Faure, en début de semaine, qui avait jugé « dramatique » de laisser croire à une « manipulation » dirigée contre les Insoumis.
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