Pas assez fiables, vite concurrencés par la route, les tramways ont pourtant désenclavé pendant quatre décennies les campagnes de la Haute-Vienne.
Après des haltes à Saint-Paul et Châteauneuf-la-Forêt, l’exposition Un train peut en cacher un autre s’arrête à Eymoutiers, pour raconter l’histoire du chemin de fer dans le pays Monts et barrages.
Derrière la ligne SNCF Limoges-Ussel, que tout le monde connaît, cette collecte d’archives et de témoignages met en lumière la ligne de tramway Limoges-Peyrat-le-Château, en service de 1912 à 1949, qui avait pour particularité de passer par des petits villages.
Des marchandises
« Le tramway était un élément structurant du pays, toutes les communes ont bénéficié de retombées positives, même celles qui n’étaient pas traversées par la ligne », note Julie Grèze, salariée du pays Monts et Barrages, cheville ouvrière de l’exposition.
Le tortillard servait au transport des voyageurs et des marchandises, notamment pour l’exportation du bois et du bétail. Plusieurs dizaines de milliers de tonnes de produits ont été transbahutées chaque année. « En important des engrais grâce au tramway, les agriculteurs de la région ont également pu améliorer leurs rendements et se moderniser », complète Julie Grèze.
Pour aller au cinéma en ville
Les particuliers se servaient du tramway pour envoyer des colis de légumes, de fruits ou de vêtements. Pour eux, c’était aussi la découverte des loisirs de la ville. « Le jeudi, je ne travaillais pas à la boulangerie d’Eymoutiers, alors j’allais voir ma sœur qui travaillait à Limoges, tous les quinze jours. J’allais au cinéma, j’y restais tout l’après-midi, je faisais deux séances », s’est ainsi souvenu en 2022 Jean Parinet (*), qui était adolescent pendant la guerre.
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Dès les années 1930, les tramways – il existait trois autres lignes en Haute-Vienne – ont souffert de la concurrence des autobus, plus rentables, plus rapides. Utile à la population, le tramway a été également abondamment critiqué, pour l’insuffisance de ses allers-retours, ses horaires inadaptés, ses retards, ses suppressions imprévues et son inconfort.
« C’était un joyeux bazar là-dedans ! »
« Mon père disait que le point fatidique sur la ligne, c’était après Linards. À Ribière Gagnou, il y a une bonne descente et le tram filait. Si on avait passé le virage sans dérailler, c’était bon ! Sinon, il fallait remettre le bestiau sur les rails », explique dans l’exposition Jean Riboulet. « C’était un joyeux bazar là-dedans ! Ça cassait la croûte, ça discutait. Il y avait les oies, les lapins… au milieu des colis et des voyageurs », raconte de son côté André Faure (*), dont la grand-mère était cheffe de gare.
« Quand ils visitent l’exposition, les gens disent souvent que ce tramway était une bonne idée », remarque Julie Grèze. Une idée qui est toujours dans l’air du temps.
Un projet de tram train limousin (archive juin 2023)
(*) Propos recueillis par les concepteurs de l’exposition.
Exposition. Un train peut en cacher un autre, jusqu’au 18 août, à la salle des expositions de la mairie d’Eymoutiers, du lundi au vendredi aux horaires d’ouverture de la mairie, les samedis de 15 heures à 18 heures et le dimanche 18 août de 14 heures à 17 heures.
Récital de piano. Au temps du chemin de fer, jeudi 8 août, à 20 h 30, à la mairie d’Eymoutiers. Récital du pianiste Bertrand Coynault, augmenté de vidéos dans le cadre de l’exposition. Gratuit sur inscription (05.55.69.27.81).
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Guillaume Bellavoine
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