Il y a ceux qui ne votent « ni pour l’un, ni pour l’autre », et ceux qui tirent la tête des mauvais jours.
Ce mercredi 12 juin 2024, sous le marché couvert de Provins (Seine-et-Marne), les électeurs Les Républicains de la cité médiévale n’avaient pas vraiment le sourire au lendemain de l’annonce du président de leur parti, Eric Ciotti*, qui a appelé ses troupes à « une alliance avec le Rassemblement national » à l’approche des élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet 2024.
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Je suis totalement contre cette idée d’alliance, je n’aime pas le programme du RN. Je vote pour la droite depuis des années et ça veut dire quelque chose. Les deux partis n’ont rien à voir.
Depuis la création de la Ve République, fondée par le général de Gaulle en 1958, aucun dirigeant de la droite traditionnelle – de l’UNR-UDR de Gaulle, aux Républicains de Nicolas Sarkozy, en passant par le RPR et l’UMP de Chirac – n’avait en effet osé franchir le Rubicon vers l’extrême droite.
De quoi déboussoler – et révolter – les électeurs les plus fidèles à l’héritage du « général ». « On a l’impression que ça devait arriver, mais en même temps les programmes ne sont pas les mêmes, notamment sur les retraites, s’interroge Jean-Pierre, retraité. Je ne comprends vraiment pas. »
Provins, à droite depuis 60 ans
Car si une ville peut prétendre au titre de commune la plus gaulliste de Seine-et-Marne, c’est bien Provins. Administrée par la droite traditionnelle depuis 1965, elle a notamment été entre les mains de deux députés-maires ayant marqué la politique française : Alain Peyrefitte, fidèle ministre de de Gaulle, dont les portraits ornent toujours les murs de l’hôtel de ville, et Christian Jacob, ministre de Jacques Chirac et président des Républicains entre octobre 2019 et juin 2022.
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Pour les habitants, difficiles, donc, de voir le parti LR changer de braquet aussi brutalement, deux ans après la présidence de Christian Jacob, « leur chouchou », qui a toujours fermement refusé de négocier avec l’extrême droite.
Seulement voilà, les temps changent et la progression du RN en France a relégué les LR au second plan sur la scène nationale. Sans cautionner le vote RN, Sébastien et Francine, croisés en centre-ville de Provins, tentent une analyse teintée de regrets :
Les LR c’est terminé. La partie proche de Ciotti va rejoindre le RN et l’autre va finir par se rallier au camp Macron, ou se tournera vers Edouard Philippe. D’ailleurs, ce n’est pas le RN le premier fossoyeur de la droite, c’est l’ensemble des élus qui ont quitté LR pour rejoindre Macron en 2017. Sauver sa place parce que la soupe est bonne, on voit où ça mène.
Aucun frontiste élu dans le Provinois
Le 9 juin dernier, le parti frontiste a ainsi remporté les européennes pour la troisième fois consécutive en Seine-et-Marne. Entre 2009 et 2024, il a gagné 128 838 voix dans le département, passant de 19 484 électeurs (6,63 %) à 148 322 (33,71 %).
Lors de la présidentielle 2022, Marine Le Pen avait également terminé en tête du second tour dans 33 des 39 communes du Provinois, sauf dans six d’entre elles, dont Provins.
Dans l’ancienne cité des comtes de Champagne, la dynamique nationale du mouvement lepeniste semble en effet se heurter à « une résistance gaulliste » plus efficace qu’ailleurs. Si Jordan Bardella (34,96 %) l’a emporté lors des européennes, les Provinois ont placé le candidat LR François-Xavier Bellamy (13,82 %) en deuxième position. À Courtacon, au nord du Provinois, ce dernier s’impose même devant le RN pour une voix, son meilleur score dans le département.
Enfin, le RN n’a encore jamais remporté d’élection à deux tours à Provins et dans le Provinois, régulièrement battu lors des élections municipales, départementales et législatives.
En 2022, Isabelle Périgault, successeure de Christian Jacob dans la 4e circonscription de Seine-et-Marne, avait rejoint le Palais Bourbon en s’imposant au second tour face à Aymeric Durox, délégué départemental frontiste, aujourd’hui sénateur. Une victoire sur le fil pour seulement 859 voix d’écart, mais une victoire quand même.
La députée sortante opposée au RN
Candidate à sa réélection, l’élue briarde, soutenue par Olivier Lavenka, le maire de Provins, n’a pas trainé pour prendre ses distances avec l’ex-président de son parti*. Sur Facebook, elle a réaffirmé ses racines, s’opposant au RN sans le nommer :
Fidèle aux valeurs d’une droite gaulliste, humaniste et libérale, je suis candidate sous mes couleurs et fière des engagements qui sont les miens, écrit-elle. Je ne dévierai pas, à l’instar de ceux qui avant moi ont été vos députés, Alain Peyrefitte et Christian Jacob. Je ne me sens liée par aucune compromission d’appareils dans lesquelles notre famille politique ne peut s’engager sans renier son histoire et perdre son âme.
De quoi rassurer les électeurs ? « Avant, on y voyait clair entre les parties et les tendances. Là, on n’arrive plus à s’y retrouver, admet Francine. J’en suis arrivée à demander à mes enfants pour qui voter, car ce sont eux l’avenir, c’est pour eux que je me rends dans l’isoloir. Mais cette dissolution de l’Assemblée aura au moins eu un effet positif : différencier les partis et clarifier l’électorat. »
Sébastien, lui, regrette l’ère Sarkozy : « J’ai voté pour lui en 2007 et 2012, car la ligne était claire et identifiée économiquement et socialement, estime-t-il. Aujourd’hui, si on n’a que le mot » barrage » à opposer au RN, c’est qu’on n’a plus rien à proposer. Il faut parler programme et projets, c’est comme ça qu’on avance. »
Les 30 juin et 7 juillet 2024, les deux Provinois assurent qu’ils iront voter. Pour la députée LR sortante ? « On verra, c’est vrai qu’on ne la connaît pas beaucoup, mais j’ai toujours voté pour Christian Jacob », acte Sébastien, fataliste, mais droit dans ses bottes.
*Le 12 juin 2024, le bureau politique des Républicains a exclu Eric Ciotti du parti.
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